Vendredi 7 juin, recevant à Rome plus de 9 000 personnes, enseignants d’écoles jésuites, élèves, et leurs familles, venus d’Italie et d’Albanie, le pape François a plaisanté sur les difficultés de son métier de pape, affirmant qu’il ne voulait pas vraiment devenir le chef de l’Église catholique.
Cet échange avec les jeunes avait été préparé par les jeunes qui avaient prévu des questions pour le pape telles que « As-tu déjà eu des doutes dans ta foi ? », et « Comment faire aujourd’hui pour espérer et croire en l’avenir ? ». D’anciens élèves prestigieux d’écoles jésuites, nourris de l’esprit ignatien, tel le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura, le maire de Turin Piero Fassino, ou encore la nièce du cardinal Carlo Maria Martini, Giulia Facchini, étaient présents.
Répondant à la question d’un enfant, il a expliqué sur un ton léger : « quelqu’un qui aurait voulu, qui aurait eu envie d’être pape, Dieu ne l’aurait pas béni. Moi je ne voulais pas faire le pape ». L’ancien archevêque de Buenos Aires est lui-même issu de la congrégation des Jésuites.
Il a répondu de façon improvisée et avec sa chaleur habituelle aux questions souvent directes et ingénues posées par les enfants.
« J’ai besoin de vivre entouré de gens, je ne peux pas vivre seul »
Interrogé sur son refus de s’installer dans l’appartement pontifical, le pape François a expliqué : « une fois, un professeur m’a posé la même question, je lui ai dit : “pour des motifs psychiatriques” ».
« Pour moi c’est un problème de personnalité, j’ai besoin de vivre entouré de gens, je ne peux pas vivre seul », a-t-il continué dans un grand sourire, en estimant que « ce ne serait pas bien s’il était isolé » dans l’appartement pontifical. Et à propos de son renoncement aux fastes de sa fonction, il s’est insurgé contre la persistance de grandes injustices : « dans ce monde qui offre tant de richesses, tant de ressources suffisantes pour nourrir tout le monde, on ne comprend pas qu’il y ait encore tant d’enfants affamés, sans éducation, tant de pauvres ».
À propos de la crise économique qui frappe durement l’Italie, il a souligné que « le monde entier vit un moment de crise ». « Mais il faut savoir lire cette crise », a-t-il dit, soulignant que « c’est d’abord une crise de la valeur de la personne humaine ».
« La politique est la forme la plus haute de la charité car elle cherche le bien commun »
Citant un récit sur la construction de la Tour de Babel par les Hébreux, il a souligné que « fabriquer une brique était difficile et chaque brique était un vrai trésor. Si une brique tombait de la tour c’était une tragédie, si un homme tombait, rien ne se passait ». « La crise que nous vivons est la crise de la personne, qui ne compte plus, seul l’argent compte », a-t-il martelé.
À cette assemblée de jeunes, il a tenu à dire « de ne pas se laisser voler l’espoir par l’esprit de vanité, l’orgueil… ». « Jésus s’est fait pauvre pour nous, la pauvreté sème l’espérance », a-t-il dit. Le pape a aussi exhorté les chrétiens à s’engager en politique. « C’est une obligation pour les chrétiens qui ne peuvent pas s’en laver les mains comme Pilate ». « La politique est la forme la plus haute de la charité car elle cherche le bien commun », a-t-il dit.
Il n’est pas rare que le pape François fasse allusion à sa provenance jésuite lors de ses interventions publiques, se défendant souvent avec humour de faire de la publicité à saint Ignace de Loyola (1491-1556) et à ses disciples. Par ailleurs, certains éléments de la spiritualité ignatienne sont présents dans ses homélies et réflexion, notamment l’importance accordée à la recherche de la liberté intérieure, le discernement ou encore la lutte contre le diable.
Source : La Croix