Le président par intérim, Adly Mansour, a effectué dimanche 5 janvier 2014 une visite au pape copte-orthodoxe dans sa cathédrale Saint-Marc au Caire.
Une initiative « rare » et « hautement symbolique », avance l’Associated Press, qui relate la visite rendue dimanche 5 janvier 2014 par le président égyptien par intérim, Adly Mansour, au pape Tawadros. Celle-ci a eu lieu dans la cathédrale Saint-Marc, le siège du Patriarcat copte-orthodoxe dans le centre du Caire, à la veille du Noël orthodoxe fêté mardi 7 janvier, précise l’agence d’information.
Cette visite serait « la première du genre », estime de son côté le site Internet du quotidien égyptien Al Ahram, qui rappelle que « les précédents présidents ont communiqué leurs vœux de Noël par téléphone ou en délégant un représentant ». Au passage, le président intérimaire a également souligné que « l’unité entre musulmans et coptes devrait durer de montrer le lien fort entre les deux religions ».
« Cette visite est l’expression de la considération qu’a l’État égyptien pour ses citoyens chrétiens qui ont offert beaucoup, debout, côte à côte avec leurs frères musulmans, pour la gloire de la nation », a déclaré le porte-parole du président, Ehab Badawi. Une référence sans doute aux manifestations du 30 juin 2013 qui ont conduit au renversement du président Mohammed Morsi, appartenant à la confrérie des Frères musulmans.
Grandes tensions
Cette initiative intervient dans une période de grandes tensions en Égypte, alors que les Frères musulmans poursuivent leurs manifestations quasi quotidiennes pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un « coup d’État ». La confrérie cible à la fois l’armée, qui a porté au pouvoir le président par intérim Adly Mansour, mais également Al-Azhar et les chrétiens, qu’elle juge « complices » de l’armée : en effet, le grand imam d’Al-Azhar et le pape Tawadros, entre autres, étaient présents le 3 juillet lorsque l’armée a dévoilé sa « feuille de route » organisant le départ de Mohammed Morsi.
Cet été, dans la foulée de la répression sanglante décidée contre le campement des Frères musulmans sur la place Rabaa au Caire et qui a fait près de 600 morts le 14 août, de nombreux dispensaires, monastères et églises, mais aussi habitations et magasins ont été pillés ou brûlés à travers le pays. Nombreux sont les chrétiens à craindre de nouvelles représailles. Fin octobre, quatre personnes ont été tuées par balles, et douze autres blessées alors qu’elles venaient de sortir d’une église du quartier populaire d’Al-Warak, dans le nord du Caire.
Mesures de « haute sécurité »
Les catholiques avaient sollicité une protection particulière de leurs églises dans la nuit du 24 au 25 décembre. En réponse, le porte-parole du ministre de l’intérieur avait promis des mesures de « haute sécurité » pour le Nouvel an et pour le Noël orthodoxe. Dans la nuit du 1er janvier 2014, un incident a éclaté entre des islamistes et la police a l’extérieur d’une église du Caire, les forces de l’ordre étant parvenue à les empêcher d’y pénétrer.
Plus largement, les chrétiens – comme d’autres minorités égyptiennes, chiites et bahaïs par exemple – se plaignent de discriminations dans leur vie quotidienne, et en particulier dans l’accès aux postes de la fonction publique et pour la construction de lieux de culte. La future Constitution, qui doit être approuvée lors d’un référendum les 14 et 15 janvier prochains, entérine des avancées en matière de libertés fondamentales (consacrant par exemple une « totale liberté religieuse ») mais maintient dans le même temps la référence aux « principes de la charia » comme source de la législation.
La Croix