Le règne de la barbarie

Au moins 31 Palestiniens ont été tués hier par des tirs israéliens à un point de distribution d’aide, selon la défense civile palestinienne. Dix autres personnes tuées, la même journée, dans d’autres frappes militaires israéliennes, sur un camp de déplacés d’Al-Qarara, au nord de Khan Younès, dans le sud de l’enclave, selon des sources hospitalières. Depuis le 7 octobre 2023, on dénombre plus de 100 000 morts à Gaza, des civils en majorité dont de nombreux enfants. Mais, tout cela ne suffit pas pour Israël. Gaza est aujourd’hui asphyxiée. Plus rien ne rentre, ni eau potable, ni médicaments. Israël veut tout arracher aux Palestiniens qui, désormais, ne sont en sécurité nulle part. De rituel sacré, la cruauté est devenue une pratique barbare, une démonstration ostentatoire de la force, une réjouissance publique. Fait inédit, le spectacle sanglant infligé par l’entité sioniste aux Palestiniens, malgré sa volonté de ne rien divulguer au monde, est suivi en direct sur les réseaux sociaux.

Qu’attend la communauté internationale pour arrêter ce massacre d’une CRUAUTÉ SANS NOM ? Quand Israël cessera de brandir le « totem » d’antisémitisme pour masquer les horreurs commises à Gaza ? Combien de morts seront nécessaires pour que la rue arabe fasse enfin le grand ménage ? Où est la « meilleure » des communautés parmi les croyants, la soi-disant Oumma ? Elle semble, dans sa grande majorité, privilégier la civilisation à caractère matériel au détriment de la civilisation à caractère spirituel. L’hédonisme est devenu partout un comportement dans la vie courante où il n’est plus question que de dépenser, de jouir de la vie, de céder aux passions excitées par le Diable, avec le spectacle d’individus en permanence rivés sur leur portable. 

Le Prophète Mohammed disait que « N’est croyant (mu’min) que celui qui souhaite à ses semblables ce qu’il souhaite pour lui-même« , révélant ainsi que l’Islam s’élève contre toutes formes d’injustice, et engage chacun à les combattre. Et le Coran d’ajouter qu’« (…) En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les (individus qui le composent) ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes » (S.13, v.11). La réalité ne peut être transformée par de vains discours, par la dérobade, mais plutôt par l’affrontement et l’exercice de notre conscience. L’inconscience nous atteint lorsque nous nous laissons emporter par les passions ici-bas, au point de rester indifférents face au théâtre d’inhumanités qui se déroule à Gaza. La Palestine est symptomatique d’une réalité qui nous sera fatale.

Ne serait-il pas temps, au milieu de ce chaos, de restaurer une civilisation à caractère spirituel qui nous débarrassera enfin de la loi de la jungle, celle de la violence et de la domination par la force ? Un temps où l’amour supplantera la peur, où les rapports humains s’en verront grandement améliorés. C’est peut-être cela, la leçon que nous donnent les Palestiniens vaillants et résilients. En libérant le cœur de la peur et en se débarrassant de ses illusions, nous pouvons atteindre une vie paisible, ce qui est l’aspiration de tout être vivant, en premier lieu celle des Palestiniens. 

F. Achouri

Sociologue et consultante en développement des ressources humaines.

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