Le micro-Etat de Brunei, l’un des pays les plus riches du monde, est le premier État de l’est asiatique à appliquer la loi islamique – charia – sur son territoire à partir de jeudi 1er mai. La décision a été prise autoritairement par le sultan Hassanal Bolkiah, qui dirige depuis 30 ans cette petite enclave de l’Asie du Sud-Est, située sur l’île de Bornéo. Au terme d’un processus d’instauration qui se déroulera en plusieurs étapes, des actes comme les relations sexuelles de musulmans hors mariage, l’adultère, la profanation du Coran ou la renonciation publique à l’islam seront punis de la peine de mort.
Pour le sultan Hassanal Bolkia, 67 ans, il s’agit d’opérer la transition d’un système pénal hérité de l’empire britannique vers une législation islamique qui constitue pour lui un « pare-feu » contre les influences occidentales. En fait, on ne connaît pas vraiment les motivations du richissime monarque qui habite un palais de 1 788 pièces et dont la fortune tirée du pétrole est estimée à plus de 30 milliards d’euros. Les minorités chrétiennes et bouddhistes qui ont exprimé leurs craintes sur les réseaux sociaux ont été réduites au silence.
Les femmes, premières victimes de la lapidation
La première phase ne prévoit cependant que des peines d’amende ou d’arrestation pour des délits comme le non-respect du jeûne durant le Ramadan, ou la non-participation à la prière du vendredi. Les châtiments corporels comme la flagellation ou l’amputation de membres ne seront introduits que dans une deuxième phase, et la peine de mort par lapidation dans un troisième temps.
La commission des droits de l’homme de l’ONU a dénoncé la révision du droit pénal adoptée en octobre au Brunei et introduite maintenant. Elle relève que la peine de mort par lapidation est totalement contraire au droit international. Des études démontrent qu’en grande majorité, ce sont des femmes qui sont condamnées à la lapidation. Le droit pénal du Sultanat de Brunei risque de renforcer la discrimination à l’égard des femmes et des homosexuels, a affirmé vers la mi-avril la commission des droits de l’homme de l’ONU.
Les 400 000 habitants de Brunei sont musulmans aux deux tiers (l’islam sunnite est religion d’État), avec une forte présence bouddhiste (13 %) et chrétienne (10 %). En Indonésie, plus grand pays musulman au monde, seule la province autonome d’Aceh, sur l’île de Sumatra, a introduit la loi islamique.
La Croix/AFP/APIC/Reuter