Les catholiques votent-ils moins Front national que le reste des Français ? La question revient à chaque élection. Mais il semble de plus en plus difficile d’y répondre clairement, si l’on en croit deux sondages réalisés après le premier tour des municipales, et aux conclusions divergentes, celui de l’IFOP pour le Pèlerin, et de Harris-Interactive pour La Croix.
La fin du vote catholique ?
Est-ce à dire que la variable religieuse n’est plus pertinente pour expliquer les choix politiques ? Non, il existe encore bel et bien un « vote catholique ». Mais à condition d’entendre par catholiques ceux qui vont à la messe au moins une fois par mois, estime ainsi Philippe Portier directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Or ces derniers sont devenus extrêmement minoritaires, moins de 5% de la population…
Ces catholiques-là continuent à ne pas voter Front national, et plus largement à opter pour un système de valeurs conforme à celui de l’Église catholique. Mais ils représentent une réalité si minime, qu’elle est difficile, sinon quasi impossible, à appréhender par des seuls sondages sortis des urnes.
Les deux France
En 1977, un ouvrage célèbre de Guy Michelat et Michel Simon, « Classe, religion et comportement politique », montrait comment le vote des Français se structurait autour de deux pôles, à peu près équivalents: un pôle catholique et un pôle athée, qui se retrouvaient en partie dans la géographie électorale de l’hexagone entre un Ouest chrétien-démocrate et un Est de gauche…
Ces deux pôles ont perdu l’essentiel de leur force d’attraction. Entre les deux, on observe désormais une grande dispersion de l’opinion, et notamment cette catégorie inclassable des « catholiques non pratiquants ». Ces derniers représentent un vote fluctuant, difficile à prévoir, et qui se détermine plus en fonction de critères économiques et sociaux que religieux.
Débat sur « le mariage pour tous »
Ce système des « deux France » a-t-il donc définitivement disparu ? Pour Philippe Portier, le débat sur « le mariage pour tous » a justement rappelé que cette fracture peut ressurgir sur certains enjeux clés de société. A côté des catholiques pratiquants, se sont alors associés des « catholiques culturels », qui ont eu le sentiment d’être menacés dans leurs référents profonds. Et de nouveau, on a vu deux France s’affronter, en fonction de l’adhésion ou non à un système de valeurs chrétiennes.
La Croix