D’après une étude menée par trois chercheurs du Centre interdisciplinaire d’études de l’islam dans le monde contemporain (Cismoc) à l’UCL, « les crispations réciproques entre les musulmans et les non-musulmans à Bruxelles ont pris une ampleur inédite », peut-on lire jeudi dans le journal Le Soir. Un climat qui s’explique notamment par l’actualité internationale, des aspects démographiques et, surtout, une accumulation de fractures économique, sociale, ethnique et générationnelle. Quelque 150 entretiens ont été menés dans le cadre de cette étude, qui aborde quatre grands thèmes: les jeunes, les services publics, les entreprises et l’islamophobie. Les chercheurs ont mis en place plusieurs forums de discussion, invitant des groupes d’une dizaine d’individus – respectant les parités musulmans/non-musulmans et hommes/femmes – à venir s’exprimer sur ces sujets.
La conclusion est claire: « il existe aujourd’hui un malaise réciproque qui ne peut être nié » entre musulmans et non-musulmans, explique Brigitte Maréchal, chercheuse au Cismoc. Elle pointe, entre autres, les attitudes et positions différentes sur le phénomène religieux, l’imaginaire, les fantasmes et les préjugés, ainsi que la méconnaissance de l’autre et une certaine fatigue de la multiculturalité, qui mènent à un repli identitaire.
Les chercheurs exhortent dès lors chacun à adopter une attitude autocritique et à exprimer les tensions et les malaises. Ils en appellent également à oser de vrais débats sur des sujets tels que le machisme grandissant des jeunes garçons à l’égard des filles, la relation sciences et foi, la question du halal à l’école ou celui des salles de prières dans les entreprises. « Il y a des solutions, mais il faut oser regarder les problèmes en face. On devrait être capable de repenser les choses ensemble », concluent-ils.
La Libre.be