Les « Femmes du mur » remportent une victoire contre les orthodoxes

« C’est un jour historique », s’enthousiasme une militante. Vendredi, pour la première fois en toute liberté, des féministes religieuses ont pu se rendre comme elles l’entendaient devant le mur des lamentations à Jérusalem. Ces « Femmes du mur », comme elles se présentent, demandent depuis plus de vingt ans l’autorisation de prier sur le site à haute voix, en portant un châle de prière, des phylactères et la kippa, et en lisant la Torah à voie haute. Or une lecture stricte de la loi juive conduit à réserver ce droit aux hommes, et les ultra-orthodoxes se sont violemment opposés à cette manifestation.

Les rabbins Ovadia Yossef et Aharon Steinman ont appelé à se rendre en nombre dès l’aube devant le mur pour empêcher ces femmes de s’en approcher. Dès 6h45, des milliers d’ultra-orthodoxes ont convergé. La police a été obligée de former une chaîne humaine pour escorter les militantes et éviter les affrontements. Ces dernières ont essuyé des jets de pierres, des crachats et des insultes, et leurs bus ont été caillassés. Deux policiers ont été blessés, cinq contre-manifestants arrêtés. Un mouvement religieux non orthodoxe a immédiatement saisi le ministère de la Justice pour qu’il détermine les responsabilités.

Pour Eliezer Ben-Rafaël, professeur de sociologie à l’université de Tel-Aviv, cet événement révèle une perte d’influence des ultra-religieux en Israël. « Ils ne sont plus représentés au gouvernement, le ministère du Trésor veut réduire leur privilèges financiers. De plus, il y a une forte volonté de la population et des politiques de supprimer certains de leurs avantages, comme l’exemption de service militaire. » Parallèlement, l’influence croissante des juifs de la diaspora, qui viennent de l’étranger habiter en Israël, joue aussi un rôle. « Ils découvrent des règles religieuses qu’ils n’acceptent pas et provoquent des changements dans la société israélienne », résume le sociologue.

La manifestation était prévue depuis fin avril. Cinq « Femmes du mur » avaient été arrêtées pour avoir porté un châle de prière sur le site : d’après un arrêt de la Cour suprême de 2003, les fidèles qui se recueillent devant le mur des lamentations doivent « se conformer aux coutumes du lieu ». La juge a finalement fait libérer les prévenues, estimant que ce n’était pas une « provocation » mais une pratique légitime. En effet, les « Femmes du mur » sont proches de deux tendances du judaïsme : le courant réformé et le courant libéral. Dès lors, elles ont décidé de revenir en grande pompe.

Source : Le Monde des Religions.fr

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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