Selon un rapport du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) publié mi-octobre, les Français sont partagés entre le sentiment que « la diversité des cultures et des origines est une richesse pour notre pays » (55 %) et l’idée que celle-ci « rend difficile la vie en commun » (44 %).
Par rapport à la moyenne européenne, ils sont nombreux à considérer qu’il existe d’importantes tensions entre les groupes ethniques et les religions : 93 % sont ainsi d’accord avec l’idée que « les religions peuvent créer des tensions au sein de la société ». L’idée traverse l’ensemble du corps social, quels que soient les classes d’âge, le niveau de diplôme, le lieu de vie, et les préférences politiques.
Même les personnes qui revendiquent une pratique religieuse régulière, occasionnelle ou qui ont le sentiment d’appartenir à une religion, en sont très largement convaincues aujourd’hui. Selon ces personnes, l’apport positif des religions via la transmission de valeurs et de repères est lié à une pratique religieuse personnelle.
Croyances et pratiques religieuses ne doivent pas être visibles dans les entreprises
Depuis 2005, le regard de la population française sur les pratiques religieuses dans les lieux publics et les entreprises a évolué de façon notable.
En 2005, seuls 49 % des Français voyaient d’un bon œil l’interdiction du port de signes religieux ostensibles dans les entreprises privées pour les salariés. À l’époque, seule l’interdiction du port de signes religieux ostensibles pour les agents dans les administrations et entreprises publiques recueillait l’adhésion d’une majorité de Français.
Aujourd’hui 81 % adhèrent à l’interdiction du port visible de tout signe d’appartenance religieuse comme par exemple le voile, la kippa, la croix dans les entreprises et les lieux publics. À choisir, 67 % de nos concitoyens attendent des pouvoirs publics qu’ils veillent, avant tout, à ce que les croyances et les pratiques religieuses des individus ne soient pas visibles dans les espaces publics plutôt qu’à protéger la liberté des croyances et des pratiques religieuses (32 %).
Une crispation autour des musulmans dans la période récente
Les débats ayant eu lieu notamment autour du procès lié au licenciement d’une employée voilée qui refusait d’ôter son foulard sur son lieu de travail (une crèche privée), et les crispations à l’égard de la place de l’islam, ne sont manifestement pas étrangers à ces attitudes.
C’est ce que les chercheurs Nonna Mayer, Guy Michelat et Vincent Tiberj appellent « polarisation anti-islam » et qui s’expliquerait à la fois par la recherche de bouc émissaire en période de disette économique et des événements d’actualité ayant polarisé le discours autour des musulmans (Affaire Merah, fusillade d’Aigues Mortes, activité de groupes islamistes radicaux, de l’Afrique subsaharienne au monde arabe).
Plus de la moitié (55 %) des sondés déclarent ainsi que les musulmans constituent « un groupe à part » en décembre 2012. Ils étaient 44 % en novembre 2009.
La Croix