Les jésuites de France montrent ce qu’ils font pour l’accueil des réfugiés

 Etablissement scolaire Saint-Joseph, Reims  Dans le cadre de leurs « Matinales », points presse trimestriels instaurés depuis un an par la province de France de la Compagnie de Jésus, le Service jésuite des réfugiés (JRS, pour « Jesuit Refugee Service ») a dressé jeudi 4 décembre, le bilan de son action depuis huit ans.

C’est en 2006 en effet que la province de France a lancé une équipe JRS – fondé en 1980 par le P. Pedro Aruppe, alors supérieur général de la Compagnie de Jésus, afin d’œuvrer prioritairement dans les situations d’urgence et là où personne d’autre n’intervient. « Nous avons fait le tour des nombreuses ONG qui travaillaient déjà avec les réfugiés, en leur demandant ce qu’elles ne pouvaient pas faire et qu’elles auraient souhaité faire », raconte le jésuite Paul de Montgolfier, directeur du JRS France.

Simplement accueillir avec bienveillance

Ces ONG ont alors évoqué leur souci de trouver des particuliers pour accueillir provisoirement des réfugiés et demandeurs d’asile, afin qu’ils rencontrent des Français et qu’ils puissent se reposer. « Il ne s’agit ni de les habiller, ni de les financer, ni de les assister juridiquement, mais simplement de les accueillir avec bienveillance pour une durée limitée de 4 à 6 semaines », insiste le P. de Montgolfier.

Depuis 2009, JRS France a constitué un réseau de familles et de communautés religieuses, qui s’appelle désormais « Welcome en France » et qui a pour objectif d’offrir un hébergement gratuit à des demandeurs d’asile en attente d’un logement en Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada). Aujourd’hui, des équipes « Welcome en France » existent dans une quinzaine de villes (Brest, Bordeaux, Dijon, Grenoble, Le Mans, Marseille, Nantes, Valence…), regroupant 80 familles et 30 communautés religieuses, ainsi que 40 tuteurs. Ce qui a permis, entre 2010 et 2014, d’accueillir 445 personnes, dont 25 femmes, âgés en moyenne de 28 ans et provenant principalement d’Afghanistan, d’Iran, de Syrie, de Guinée et du Mali.

« Avec une trentaine de familles en Île-de-France, nous pouvons faire bénéficier 70 demandeurs d’asile chaque année d’un tel accueil », s’enthousiasme la Mexicaine Marcella Villalobos-Cid, coordinatrice de Welcome en France. Cette hospitalité permet tout à la fois, selon elle, « de modifier la perception que les étrangers ont des Français, souvent assimilés aux policiers ou aux fonctionnaires de l’immigration, et celle que les Français ont des étrangers, souvent assimilés à des délinquants et des terroristes »…

Soudeur, rectifieur ou tourneur-fraiseur

« Après des semaines dans la rue, ils ont un grand besoin de dormir et sont heureux d’être traités comme tout le monde », témoigne Hélène de Tersant, bénévole à JRS et famille d’accueil en région parisienne. Et de raconter combien c’est « une aventure », pour un Malien qui a vécu dans le désert, de prendre l’ascenseur pour la première fois ! Un tel accueil en famille est parfois nécessaire aussi pour des personnes suivies médicalement, comme le constate le P. de Montgolfier à propos d’un hôpital « qui n’acceptait d’opérer un réfugié que si celui-ci pouvait être hébergé pour ses trois semaines de convalescence ».

Parallèlement au pôle « Hospitalité » avec le réseau Welcome, le pôle « Servir » du JRS France travaille également à accompagner les réfugiés vers l’autonomie, en leur permettant de bénéficier de cours de français, de formations professionnelles, de remises à niveau et d’accès à l’emploi, d’aide à la recherche d’emploi… C’est ainsi que depuis 2009, le centre de formation professionnelle le Marais Sainte-Thérèse, établissement sous tutelle jésuite à Saint-Étienne, forme des demandeurs d’asile aux métiers de soudeur, de rectifieur ou de tourneur-fraiseur. « Nous les formons en 900 heures sur six mois pour qu’ils passent l’une ou l’autre de ces qualifications professionnelles », précise le laïc Patrick Thiollier, responsable de ce centre de formation stéphanois, qui se félicite de l’accord passé avec l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) afin que les frais d’inscription à ces diplômes qualifiants pour les réfugiés soient 50 % moins chers que les 450 € habituels.

 

La Croix

F. Achouri

Sociologue.

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