La 30e réunion de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), qui s’est tenue du vendredi 29 mars au lundi 1er avril, au Parc des expositions du Bourget, près de Paris, avait pour mot d’ordre officiel : « Paix, justice, dignité ». Mais le rassemblement a été rattrapé par le débat sur le port du voile en entreprise. Et dans les allées du parc, où les stands de livres religieux disputent traditionnellement la place à ceux de vêtements orientaux, les plus affectées par ce climat étaient de loin les femmes.
En 2012, cette grande réunion de la deuxième fédération de l’islam de France avait déjà été perturbée par l’offensive de l’ancienne majorité sur l’islam radical. Plusieurs invités – dont un influent théologien égyptien – s’étaient vu refuser leur visa d’entrée sur le territoire français. Cette fois-ci, un certain nombre de débats ont été influencés par la controverse qui a suivi l’annulation, le 19 mars, par la Cour de cassation, du licenciement d’une employée d’une crèche parce qu’elle portait le voile.
VOILE PORTÉ SUR SON LIEU DE TRAVAIL
« Les droits de l’homme, c’est aussi la liberté religieuse ! », s’agace ainsi Medina (son prénom a été changé), 32 ans, attablée à la grande cafétéria du Parc des expositions avec des amies. Elle est venue à la réunion de l’UOIF avec un voile bleu foncé qui lui couvre le cou et les oreilles, ajusté par-dessus une doudoune noire. Un voile qu’elle a décidé récemment de porter également sur son lieu de travail : une grande société française spécialisée dans l’export.
Pendant longtemps, pourtant, Medina, qui est titulaire d’un Bac +5 et revendique le fait de « vivre seule et être autonome financièrement », n’avait pas « osé ». « Avec tout ce que l’on voit dans les médias… », justifie cette fille d’immigrés marocains. C’est seulement une fois franchi la porte de son entreprise qu’elle se dépêchait de se couvrir la tête en sortant son voile de son sac à main.
Un jour, elle s’est décidée à regarder de plus près ce que disaient la loi et le règlement intérieur de sa société : « J’ai vu que ni l’un ni l’autre ne l’interdisait, alors comme je savais qu’on appréciait par ailleurs mes compétences, je suis venue avec au bureau. » Son PDG lui a serré la main sans sourciller. Seul un collègue lui a dit qu’elle « était une femme soumise ».
Source : Le Monde.fr