L’islamophobie poursuit sa hausse en 2013, l’alerte du CFCM

L’islamophobie poursuit sa triste progression en France mais celle-ci s’est ralentie en 2013 comparée aux dernières années, selon le Conseil français du culte musulman (CFCM) via l’Observatoire national contre l’islamophobie présidée par Abdallah Zekri. Les actes islamophobes ont enregistré une hausse de 11,3 % en 2013 contre 34 % en 2012 et 28 % en 2011. C’est l’augmentation « la plus faible depuis trois ans, mais hélas, même minime, cette donnée est encore trop élevée », signale le rapport annuel rendu public dimanche 26 janvier.

Ce sont ainsi 226 actes anti-musulmans qui ont été recensés auprès des services de police et de gendarmerie en 2013, comprenant 62 actions (+14 %) et 164 menaces (+10,1 %). La région la plus touchée demeure l’Ile-de-France avec 49 actes islamophobes signalés.


2013 marquée par des agressions de femmes voilées

Outre les dégradations de mosquées, les têtes de porc déposées devant les lieux de culte et l’envoi par courrier de tranches de jambon, l’agression de femmes portant le voile est « un phénomène nouveau en cette année 2013 » pour l’Observatoire national contre l’islamophobie. Les agressions de femmes musulmanes à Argenteuil (Val d’Oise), à Trappes (Yvelines) et à Reims (Marne) ont été parmi les plus marquantes de l’année passée.

« Il va de soi que ces chiffres ne reflètent pas la réalité, car nombreux sont les musulmans qui ne souhaitent pas porter plainte systématiquement lorsqu’ils sont victimes d’actes xénophobes, convaincus qu’il n’y aura aucune suite », rappelle l’instance. 29 plaintes ont d’ailleurs été déposées par l’Observatoire, « toutes classées sans suite en 2013 » par les parquets « sous prétexte que ceux qui ont commis ces infractions ou délits, ne sont pas identifiés ». Le CFCM, qui déclare ne plus porter plainte pour des courriers de menaces et d’insultes, avoue ainsi son impuissance à enrayer la montée des actes islamophobes, encouragée par la cyberhaine.


La gravité marquée par la banalisation

Pour l’institution, la persistance de l’islamophobie « bénéficie d’un climat particulier où se mêle allègrement la banalisation des propos racistes anti-arabes, les invitations dans certains discours d’hommes politiques à s’en prendre aux musulmans sans distinction » mais aussi « l’inculture face aux questions de discrimination » et « la méconnaissance de faits historiques » qui puissent mettre en avant le rôle des musulmans dans la construction de la France, citant ainsi la participation des soldats issus des anciennes colonies lors des deux Guerres mondiales.

Face à ce phénomène, qui « ne peut être analysé ou traité hors du contexte global du racisme, de la discrimination », le CFCM en appelle à la classe politique « de ne plus se taire et de s’exprimer sur la question de l’islamophobie », aux médias « de dénoncer cette haine de l’autre qui porte atteinte au « vivre ensemble » et aux responsables des autres cultes de faire preuve de « plus de solidarité », conclut le rapport.


Le CCIF poursuit son chemin

Un bilan annuel est attendu du côté du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui a célébré ses 10 ans en 2013 à travers diverses actions. Dans le cadre de ses actions de sensibilisation des pouvoirs publics sur l’islamophobie, l’association a été reçue le 16 janvier par François Lamy, ministre chargé de la Ville. Il s’agit de la première rencontre du CCIF avec un ministre en fonction, montrant qu’au-delà des ministres « manifestant ostensiblement leur rejet de l’islam et de ses fidèles, il en existe d’autres au sein du gouvernement qui ont le souci de la préservation de la cohésion sociale et de la mise en œuvre des principes républicains ».

« Il ne reste plus de leur part qu’à prendre sérieusement en compte toutes les formes de discriminations et à envisager, de manière égalitaire, les dispositifs visant à obtenir des résultats tangibles dans la lutte pour l’égalité », a-t-elle indiqué sur son site. Trente ans après la Marche contre le racisme, le chemin vers l’égalité demeure encore long.

Saphirnews

 

F. Achouri

Sociologue.

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