Londres se veut être La place forte de la finance islamique en Occident, et vient de le prouver magistralement à travers une grande première qui conforte ses ambitions suprêmes au sommet de la pyramide de la finance éthique hors du monde musulman : l’émission, mercredi 25 juin, d’un titre de dette ou « sukuk » par le Trésor britannique.
La célèbre City, ce phare rayonnant de la finance mondiale, serait-elle en passe d’être intronisée capitale occidentale incontestée de la finance « sharia compatible », véritable alternative à la finance conventionnelle et à ses graves dérives spéculatives ? Pour le gouvernement de David Cameron, cette consécration, ardemment souhaitée, ne fait pas l’ombre d’un doute : « Le gouvernement a consolidé aujourd’hui la place de la Grande-Bretagne comme plateforme occidentale de la finance islamique en devenant le premier pays hors du monde musulman à émettre un « sukuk » souverain, l’équivalent islamique d’une obligation« , a indiqué le Trésor britannique dans un communiqué, tandis que le ministre des Finances, George Osbone, déclarait à l’unisson : « L’émission aujourd’hui du premier sukuk souverain de Grande-Bretagne répond à l’engagement du gouvernement » de faire du pays « le centre occidental de la finance islamique ».
Annoncé en primeur à l’auditoire trié sur le volet qui assistait, en octobre dernier, à Londres, à la neuvième édition du prestigieux Forum économique islamique mondial (WIEF), ce « sukuk », qui arrivera à maturité le 22 juillet 2019, est bel et bien devenu réalité quelques mois plus tard de l’autre côté de la Manche, là où la frilosité à la française, si extraordinairement contre-productive, serait vite dégelée devant les 20 banques britanniques offrant des produits financiers islamiques, et les 49 obligations islamiques (« sukuk ») cotées depuis cinq ans à la Bourse de Londres, pour une valeur de 34 milliards de dollars…
Cette coquette somme, qui assouvirait bien des appétits, ne serait en réalité qu’une infime part d’un gâteau plus alléchant encore, si l’on en juge par les 1 300 milliards de dollars que devrait représenter ce secteur cette année, selon des estimations chiffrées produites en 2013 par le gouvernement britannique.
Le premier « sukuk » émis en-dehors des frontières de la galaxie musulmane a suscité une « très forte demande » d’un montant total de 2,3 milliards de livres de la part d’investisseurs « basés au Royaume-Uni et dans les centres majeurs de la finance islamique à travers le monde ». Des fonds souverains, des banques centrales et des établissements financiers y ont souscrit. Le rendement de ce sukuk est fixé à 2,036% mais il est adossé à des actifs immobiliers du gouvernement dont la performance rémunère l’apport en capital afin de contourner le principe de l’intérêt.
Oumma.com