L’ONU exhorte la Birmanie à accorder la citoyenneté à la minorité rohingya, de confession musulmane

Les Rohingyas sont désignés comme « bengalis », qualificatif péjoratif en Birmanie où ils sont considérés comme des immigrants illégaux venus du Bangladesh

 

AFP. Camp de réfugiés    Les Nations unies ont adopté vendredi 21 novembre une résolution appelant la Birmanie à accorder la nationalité birmane à la minorité musulmane apatride des Rohingyas. La résolution a été approuvée lors d’un vote à main levée par la commission des droits de l’homme de l’Assemblée générale, en dépit des réserves de l’Organisation de la coopération islamique qui souhaitait un texte plus ferme.

Dans cette résolution, la commission fait part de sa « vive inquiétude » quant au sort des Rohingyas dans l’État de Rakhine, où vivent 140.000 personnes dans des camps de réfugiés.

Qualifiés de « bengalis »

Les Rohingyas sont privés de nationalité birmane. A la place, les autorités préfèrent les désigner comme « bengalis », un terme souvent péjoratif en Birmanie où ils sont considérés comme des immigrants illégaux venus du Bangladesh (d’où le terme de « bengali »), alors que leur présence dans la région birmane est attestée depuis des générations.

Dans le dernier recensement effectué par les autorités birmanes en 2014, l’on ne trouve aucune mention d’une appartenance identitaire « rohingya ».

Citoyenneté pleine et entière

La résolution appelle le gouvernement birman à faire en sorte que soient respectés les droits de tous les habitants de l’État de Rakhine et à accorder « la citoyenneté pleine et entière à la minorité rohingya », afin qu’elle puisse avoir accès au système de santé, à l’emploi ou à la scolarisation de ses enfants.

Le représentant de la Birmanie s’est élevé contre l’utilisation du mot « rohingya » dans la résolution et a prévenu qu’elle risquait de « provoquer la colère en Birmanie et donc compliquer la tâche du gouvernement pour résoudre ce problème ».

La résolution, rédigée par l’Union européenne, va maintenant être soumise au vote de l’Assemblée générale en session plénière.

Bouddhistes radicaux

Le sentiment anti-musulman est attisé par des moines bouddhistes radicaux qui voient la présence d’une population musulmane comme une menace. Malgré le processus démocratique initié dans le pays, et l’entrée au Parlement d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, la question des minorités ethniques n’a toujours pas été réglée. Les bouddhistes représenteraient 89 % de la population.

Dans une lettre rendue publique par le site Internet américain The Huffington Post en décembre 2012, une quinzaine de hauts responsables religieux bouddhistes, avec le soutien du dalaï-lama, avaient fait part aux bouddhistes birmans de leur préoccupation au sujet de la violence contre les musulmans rohingyas en Birmanie.

« Alors que la Birmanie traverse une période de grands changements positifs, nous sommes inquiets de la violence ethnique croissante qui touche les musulmans de l’État Rakhine et de la violence à l’encontre des musulmans et autres religions à travers le pays », écrivent ces responsables bouddhistes parmi lesquels le Vénérable Thich Nhat Hanh (Vietnam) et d’autres de Thaïlande, du Sri Lanka ou encore de Mongolie.

 

La Croix

 

F. Achouri

Sociologue.

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