Une étude américaine révèle que les utilisateurs américains de Twitter « athées » seraient plus actifs sur le réseau social que les utilisateurs « croyants ».
Comment peut-on étudier de façon scientifique les tendances religieuses sur Twitter ?
En fonction des différentes confessions religieuses, il suffit d’observer ce que les utilisateurs tweetent et qui ils suivent. Nous avons utilisé des algorithmes pour trouver les mots les plus « discriminants » dans les tweets des utilisateurs, ainsi que les comptes les plus « discriminants » que les utilisateurs suivaient sur Twitter. Cela nous a permis de différencier les centres d’intérêt en fonction de convictions affichées : qu’ils soient chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, hindous ou athées.
Il était nécessaire pour nous d’établir un aperçu du paysage religieux sur Twitter aux États-Unis, mais notre enquête « Religions sur Twitter » n’est en fait qu’une base pour notre prochaine étude sur le lien entre les religions et le bonheur, dans un pays aussi pieux que le nôtre.
En utilisant ces données numériques, la finalité de notre étude consistera à analyser l’effet d’une croyance sur le bonheur d’un individu dans la sphère numérique. Pourquoi ? Tout simplement parce que le bonheur est ce à quoi nous aspirons tous, le but ultime de la plupart de nos actions.
Si, dans la réalité, les croyants sont plus heureux que les non-croyants dans les régions du monde les plus pieuses (ce que montre la dernière enquête d’Adam Okulicz-Kozaryn), la religion ne crée pas le bonheur en lui-même. Elle conforte l’individu dans son désir d’appartenir à un groupe et l’aide à accepter la misère et les difficultés de la vie.
Dans les régions à grande diversité religieuse, les croyances sont source de conflits et rendent les individus malheureux. C’est un constat. Et nous voulons voir si, dans la sphère numérique, les religions peuvent à la fois cohabiter et rendre l’homme heureux.
Comment qualifieriez-vous la manière dont les chrétiens se comportent, pensent et communiquent sur Twitter ?
Les mots les plus fréquemment utilisés par les chrétiens dans leurs tweets sont aujourd’hui : « monde », « travail » et « temps ». Mais, fait intéressant, les chrétiens ont en plus en commun avec tous les autres utilisateurs croyants de Twitter les termes suivants : « amour », « vie », « peuple » et « heureux ». Ce qui les distingue des non croyants.
Les chrétiens sont, par ailleurs, les moins attachés à rester entre eux sur Twitter. À la différence d’autres religions, ils ont tendance à s’ouvrir davantage à des utilisateurs qui ne partagent pas leurs convictions religieuses. Nous n’avons pas exploré le comportement des chrétiens sur Twitter en termes d’optimisme, de timidité et d’audace. Mais ce sera l’objet de notre prochaine étude sur la religion et le bonheur et c’est précisément ce qui nous intéresse, à terme.
Dans quelle mesure Twitter peut aider l’individu à vivre sa foi ?
Notre étude montre que la religion influence les utilisateurs de Twitter dans ce qu’ils disent et qu’ils suivent sur Twitter. Leurs convictions religieuses, revendiquées sur Internet, seraient liées d’une façon plus ou moins directe à leur bonheur.
Twitter – ou le prochain grand phénomène – est amené à être un véritable moyen de vivre sa foi. Cette plate-forme devrait prendre une place de plus en plus importante dans la vie des croyants car les émotions, les moyens d’expression et les échanges passent de plus en plus par la toile. La vie et les raisons de vivre prennent forme sur le Net. Regardez autour de vous, tout le monde est absorbé par son smartphone, du moins dans les régions urbaines des États-Unis.
L’appartenance à un groupe religieux, sur la toile comme dans la réalité, est facteur de fierté et d’une forme de pouvoir. En ce sens, Twitter est une façon parmi d’autres d’être porté dans sa foi. Mais il faudrait étudier cette question de près : voilà un excellent sujet pour une enquête future.
La Croix