L’univers impitoyable de Donald Trump

Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, la célèbre série américaine Dallas, diffusée en France dans les années 80, mettait en scène dans le ranch de Southfork les tribulations d’une riche famille texane de l’industrie pétrolière, les Ewing. Le fils aîné, J.R., un des personnages emblématiques de la série, était un redoutable homme d’affaires, manipulateur et sans scrupules, dont l’une des devises était que « l’argent peut tout acheter ». La réalité a, depuis, largement dépassé la fiction. On peut se demander si Donald Trump ne se serait pas inspiré du personnage de J.R. pour bâtir son image ? À y regarder de près, les deux hommes, sans éthique, partagent de nombreux points communs, comme ceux du pouvoir, du sexe et de l’argent. Les affaires semblent être d’ailleurs au coeur du deuxième mandat de Trump. Ce dernier ne vient-il pas d’accepter en cadeau de la part du Qatar, un avion d’une valeur de 400 millions de dollars, sans sourciller ?

Lors de sa tournée récente au Moyen-Orient, outre le génocide palestinien en cours pour qui Trump ne semble guère avoir de considération, celui-ci affiche une posture orgueilleuse et suprématiste, gênante en l’état, et considère déjà les Gazaouis comme des apatrides, en exigeant des autres pays de les accueillir en échange de subsides. Il garde en tête le projet immobilier à Gaza, une genre de « French Riviera », qui fera, bien entendu, le bonheur de son entourage familial, avide d’argent, et lui permettra d’accroitre son capital immobilier, entaché du sang des Palestiniens. Au cours de cette tournée, Trump a mis en application sa devise électorale « MAGA », devise que nous revisiterions plutôt en « Make More Money ».

Que retenir de tout ça ? Que le génocide à Gaza révèle la désaffection émotionnelle des grands référents idéologiques où le postmodernisme reflète la décadence morale de notre temps. Celui où l’horreur des uns côtoie l’intérêt pour le dieu « argent » des autres, dans l’indifférence totale. Cette errance apathique est à mettre au compte de l’atomisation de nos sociétés. Dans un système organisé selon le principe de l’isolation, de l’atomisation, les idéaux et les valeurs publiques ne peuvent que décliner. Seule demeure la quête des intérêts propres à chacun, au grand dam des Palestiniens et de toutes autres formes de souffrances. 

Cette situation révèle aussi, qu’avec l’hyper-investissement de la sphère privée, la démobilisation de l’espace public s’accroit. Le philosophe J-F Lyotard affirmait que l’apathie généralisée est une nouvelle socialisation nécessaire au capitalisme moderne qui trouve dans l’indifférence une condition idéale à son expérimentation. L’indifférence au service du profit ? Le déplacement de Trump au Moyen-Orient en est l’illustration. Elle dévoile le cynisme de Trump et des soi-disant dirigeants arabes dits musulmans, des laquais de l’Amérique, préoccupés à signer des contrats commerciaux avec une administration sanguinaire et complice d’Israël dans ses atrocités, au mépris des Gazaouis qui, à proximité, vivent un véritable enfer sur terre. 


F. Achouri

Sociologue et consultante en développement des ressources humaines.

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