Mauritanie : des manifestations contre une profanation du Coran font une victime

Un jeune homme a été tué lundi à Nouakchott et plusieurs personnes ont été blessées lors de manifestations, selon des sources concordantes. Des milliers de personnes défilaient dans les rues après une profanation du Coran commise dimanche soir par des individus non identifiés.

Un étudiant de l’Université de Nouakchott est mort lundi lors de ces manifestations. Le décès a été confirmé par une source officielle, sans plus de détails sur ses circonstances. Le porte-parole du gouvernement mauritanien, le ministre Sidi Mohamed Ould Maham, a assuré lors d’une conférence de presse lundi après-midi que l’étudiant n’a pas été tué par balle et que l’enquête fera la lumière sur « le reste ».

Les forces de l’ordre ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants à Nouakchott, où des milliers de personnes ont afflué dans le centre-ville en direction de la présidence de la République. Les manifestants criaient « Allahou Akbar » (Dieu est grand) ou « Mort aux profanateurs criminels ». Un nombre indéterminé d’entre eux ont été blessés ou arrêtés, selon des sources concordantes.

D’après des médias locaux, d’autres manifestations ont également été organisées lundi dans l’intérieur du pays, dans des villes comme Kiffa et Aioun (Sud-Est). Le porte-parole du gouvernement a appelé les manifestants à la retenue et la modération « pour éviter de tomber dans le piège de ceux qui cherchent à jouer sur les sentiments des musulmans pour des intérêts égoïstes ». « Une enquête a été ouverte pour déterminer les conditions de l’acte de profanation (et) retrouver ses auteurs, a déclaré Sidi Mohamed Ould Maham, dénonçant ensuite un acte prémédité pour jouer sur les sentiments des Mauritaniens attachés à l’islam et à ses valeurs.

Quatre suspects portant des turbans

Les manifestations de lundi surviennent après d’autres rassemblements organisés dans la nuit de dimanche à lundi à Nouakchott, où des centaines de personnes ont participé à une marche spontanée les ayant conduites du quartier de Teyarett, dans le nord de la capitale, à la présidence de la République. Des manifestants ont expliqué que quatre personnes non identifiées, portant toutes des turbans et à bord d’un véhicule 4X4, sont entrées dans la mosquée de Teyarett pour en retirer quatre exemplaires du Coran, qu’elles ont ensuite dégradés. Ils ont alors immédiatement pris la fuite avant l’arrivée des fidèles pour la prière du soir, a précisé l’imam de la mosquée. Aucune information n’a pu être obtenue sur leurs origines et leurs motivations.

Un « blasphémateur » en attente du jugement

Cet incident survient après un événement semblable à Zouérate (extrême-Nord) où début février, un malade mental présumé avait uriné sur un exemplaire du Coran. L’auteur présumé de cet acte avait ensuite été envoyé à Nouakchott pour des examens psychiatriques.

Auparavant, de nombreux Mauritaniens avaient exprimé leur colère après la publication début janvier d’un article jugé blasphématoire contre le prophète Mahomet et dont l’auteur, en jugement à Nouadhibou (Nord-Ouest), risque la peine de mort. La charia est en vigueur en République islamique de Mauritanie, mais les condamnations extrêmes comme les peines de mort et de flagellations ne sont plus appliquées depuis les années 1980.

Jeune Afrique/ AFP

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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