Encore un meurtre sous couvert de blasphème au Pakistan. Un leader religieux musulman a été battu à mort par la foule, samedi 6 mai, après son intervention au cours d’un meeting politique organisé par le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti d’opposition de l’ancien premier ministre Imran Khan. La foule reprochait à Nigar Alam d’avoir proféré « des remarques blasphématoires » lors de la prière qui clôturait l’événement. Ces événements se sont déroulés dans la province ultra-conservatrice de Khyber Pakhtunkhwa, située au nord-ouest du pays, près de la frontière avec l’Afghanistan.
Le responsable religieux local avait été invité à prendre la parole à l’occasion du meeting qui se tenait dans le village de Sawaldher, dans la région de Mardan. Mais les gens « lui ont reproché des remarques blasphématoires qui les ont rendu furieux », selon un responsable officiel qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat à Al Jazeera. Dans un premier temps, les forces de police sur place avaient réussi à mettre Nigar Alam en sécurité dans une échoppe proche du lieu du meeting mais la foule a cassé la porte pour se saisir de lui, l’entraîner dehors, le frapper et lui donner des coups de bâton. Le quadragénaire est mort sur place.
Le comble est que Nigar Alam serait un ardent défenseur des lois anti-blasphème selon des internautes. Des vidéos de ce lynchage, partagées sur les réseaux sociaux, montrent que les forces de police ont vainement tenté d’arrêter cette foule fanatisée. Le corps de Nigar Alam a été transporté à l’hôpital pour analyse et des investigations sont en cours, selon les autorités.
Le blasphème est un sujet hautement sensible au Pakistan, à majorité musulmane, au point où même des accusations d’offense à l’islam sans fondement peuvent conduire des foules au meurtre. En février dernier, une foule en colère est entrée dans une station de police de la ville de Lahore pour sortir une personne accusée de blasphème de sa cellule et la tuer. En décembre 2021, un Sri Lankais qui travaillait comme manager dans une usine pakistanaise, a été battu à mort et immolé par une foule en colère.
Selon le Centre pour la justice sociale, une association indépendante qui milite pour les droits des minorités au Pakistan, plus de 2 000 personnes ont été accusées de blasphème depuis 1987. Au moins 88 d’entre elles ont été tuées par des foules en colère.
Saphirnews