L’influent prédicateur du Qatar Youssef al-Qaradaoui, d’origine égyptienne, a appelé les Egyptiens à boycotter le référendum sur la Constitution dans une nouvelle escalade de la tension entre Doha et Le Caire.
Dans un communiqué, le prédicateur considéré comme l’éminence grise des Frères musulmans a estimé que « la participation au référendum, ainsi que toute action pouvant renforcer le pouvoir issu du coup d’État ou lui conférer une légitimité (…) sont prohibées par l’islam ».
Les partisans islamistes du président destitué Mohamed Morsi ont déjà annoncé qu’ils boycotteraient le référendum des 14 et 15 janvier sur une nouvelle Constitution, qui doit remplacer celle suspendue par l’armée lorsqu’elle a écarté M. Morsi en juillet.
Cheikh Qaradaoui, déchu de sa nationalité égyptienne et recherché par Le Caire, a estimé dans sa fatwa que « la participation au référendum équivaudrait à reconnaître la légitimité du coup d’État militaire » qui a « renversé un président civil élu ».
Cette fatwa intervient alors que le ministère égyptien des Affaires étrangères a annoncé samedi avoir convoqué l’ambassadeur du Qatar pour protester contre les critiques de Doha à propos de la répression visant les Frères musulmans depuis la destitution par l’armée de Mohamed Morsi.
Le Qatar était le principal soutien régional de M. Morsi, issu de la confrérie soutenue par Doha.
Dès la destitution et l’arrestation de M. Morsi le 3 juillet, les nouvelles autorités s’en sont prises au Qatar, seule monarchie du Golfe soutenant les Frères musulmans, en fermant l’antenne de sa chaîne Al-Jazeera en Egypte, dont des journalistes ont même été arrêtés.
Cheikh Qaradaoui, qui dirige l’Union mondiale des oulémas, basée au Qatar, avait obtenu la nationalité qatarie après avoir été déchu de sa nationalité égyptienne par le président Gamal Abdel Nasser pour son appartenance aux Frères musulmans. Il s’est illustré, lors de ses apparitions répétées sur Al-Jazeera, par ses encouragements aux soulèvements dans les pays du Printemps arabe.
L’Orient le Jour