Scènes de carnage devenues désormais banales à Gaza

Au moins 111 Palestiniens tués au cours des dernières vingt-quatre heures, dont 91 en tentant de récupérer de l’aide humanitaire, selon le ministère de la santé de l’enclave. Plus de 820 blessés ont également été transportés dans les hôpitaux gazaouis pendant cette période, dont 666 venaient de lieux de distribution d’aide humanitaire. Quand s’arrêtera ce carnage ? Quand ce monstre odieux qu’est Israël, cessera d’affamer et de tuer des centaines de civils ?

Notre indignation ne suffit plus. Nos mots non plus.Tout va très vite même dans l’horreur. L’accélération de l’information détruit la structure temporelle de notre narration. Plus la diffusion d’informations est importante, plus notre monde devient apathique. Les réseaux sociaux ne nous permettent plus de distinguer l’essentiel de l’inessentiel.

Sur TikTok en particulier, même les images qui nous dégoûtent sont censées nous divertir. Les vidéos gênantes dites « cringe » phagocytent notre propre perception de la réalité. Internet rend le monde fantomatique au point que les souffrances endurées par les Gazaouis passent pour être triviales, pire, invisibles à l’oeil nu. La société de consommation accomplit la neutralisation des relations interhumaines ; l’indifférence au destin et aux jugements de l’Autre prend dès lors toute son étendue. Avec l’émergence du narcissisme, l’ordre idéologique bascule dans l’indifférence où la culture sacrificielle est morte. Nous avons cessé en effet de nous reconnaître dans l’obligation de vivre pour autre chose que nous-mêmes.

F. Achouri

Sociologue et consultante en développement des ressources humaines.

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