Sri Lanka : les violences anti-musulmanes s’intensifient

Depuis quelques jours, une station touristique du sud-ouest du Sri Lanka est en proie à des violences anti-musulmanes perpétrées par des extrémistes bouddhistes. Quatre personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées. Un couvre-feu a été décrété dans la région.

Dans la nuit du dimanche 15 juin au lundi 16 juin, une réunion d’ultra-nationalistes bouddhistes du groupe Bodu Bala Sena (BBS) qui s’est tenue dans la ville d’Alutmaga, à majorité musulmane, a dégénéré. Les partisans du BBS, qui affirment qu’un moine bouddhiste aurait été attaqué par un musulman, s’en sont pris à la population et à plusieurs mosquées de la zone. Trois musulmans ont été tués, des dizaines d’autres blessés, et des commerces et des habitations ont été incendiés.

La minorité musulmane accuse les autorités d’avoir laissé faire. Le ministre de la Justice, de confession musulmane, a menacé de démissionner pour dénoncer la passivité des forces de l’ordre. Les habitants ont réclamé des renforts de police, en vain, selon les témoignages. Un couvre-feu a finalement été instauré lundi 16 juin à Alutmaga.

Mais il n’aura pas suffit à calmer les esprits. Des partisans du BBS, munis de couteaux et de cocktails molotov, ont mis le feu à des commerces et des logements mardi 17 juin pour la deuxième nuit consécutive, ont rapporté des habitants. Au cours d’une attaque devant la ferme d’un musulman, un agent de sécurité non armé a été tué, portant à quatre le nombre de tués dans ces violences depuis dimanche.

La secrétaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pilay, a exprimé sa crainte de voir ces violences s’étendre dans le pays. Plusieurs ambassades occidentales à Colombo ont déconseillé à leurs ressortissants de voyager dans la région et ont recommandé à leurs ressortissants en vacances dans la région de ne pas sortir.

Les derniers heurts importants entre les ultra-nationalistes bouddhistes et la population musulmane remontent à janvier. Ils s’étaient multipliés l’an dernier. Une foule de bouddhistes radicaux a ainsi incendié une mosquée à Colombo en août 2013. Des chrétiens ont également été la cible des mêmes extrémistes, il y a quelques mois, des centres catholiques ayant été saccagés.

Les députés musulmans ont récemment demandé au président Mahinda Rajapakse de protéger leur minorité contre « des éléments extrémistes bouddhistes ». Les groupes nationalistes bouddhistes accusent de leur côté les minorités religieuses d’exercer une influence politique et économique disproportionnée sur l‘île. Les musulmans représentent environ 10 % des 20 millions d’habitants du Sri Lanka.

 

Saphirnews

 

F. Achouri

Sociologue.

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