« En France, le dialogue judéo-chrétien est devenu ordinaire, dans le bon sens du terme »
Venus du monde entier, des juifs et des chrétiens se retrouvent à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour réfléchir sur la laïcité à l’occasion d’un congrès du Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ), du 30 juin au 3 juillet.
Le P. Patrick Desbois, directeur du service national pour les relations avec le judaïsme, fait le point sur le dialogue judéo-chrétien en France.
Qu’est-ce que la conférence du Conseil international des chrétiens et des juifs ?
P. Patrick Desbois : C’est un rassemblement international des Amitiés judéo-chrétiennes, fondées par l’historien français Jules Isaac à la suite de la Seconde guerre mondiale. Cette année, la conférence internationale de l’IJCC se tient à Aix-en-Provence, car c’est la ville dont est originaire Jules Isaac, dont on célèbre le 50e anniversaire du décès. Des représentants des Amitiés judéo-chrétiennes sont venus du monde entier pour y assister. Ce sont des catholiques, des orthodoxes, des protestants et différents groupes du judaïsme. Il s’agit de nourrir le dialogue judéo-chrétien par une réflexion intellectuelle. Certaines conférences sont ouvertes au public. C’est un événement qui permet de mesurer que des personnes à travers toute la planète travaillent au renforcement du dialogue entre juifs et chrétiens.
Où en est le dialogue judéo-chrétien aujourd’hui ?
P. Patrick Desbois : Jean-Paul II a beaucoup œuvré pour le dialogue judéo-chrétien, avec le premier voyage en Israël en 2000 où il a prié devant le Mur occidental. Benoît XVI a renforcé ce dialogue, avec les mêmes gestes.
En France, il devient de plus en plus ordinaire, dans le bon sens du terme. Beaucoup d’évêques ont des relations avec les juifs, de manière très simple. Ils nomment quelqu’un pour les relations judéo-chrétiennes, ils participent à des dialogues interreligieux, ils engagent des relations avec le Crif et le rabbinat. Ce n’est plus vu comme une spécificité.
Ces initiatives doivent maintenant se généraliser à la base, car elles restent trop souvent méconnues dans les paroisses et les synagogues. Les chrétiens se sentent néanmoins engagés dans la lutte contre l’antisémitisme, qui refait surface en France, avec des actes violents. C’est l’occasion de faire preuve de fraternité, de montrer que l’amitié est réelle, que ce ne sont pas que des mots.
Pourquoi avoir choisi la France pour la conférence internationale de l’ICCJ ?
P. Patrick Desbois : La France est perçue comme le pays des droits de l’homme, la réflexion sur la laïcité y est très ancienne. En France, le christianisme et le judaïsme sont des communautés vivantes. Le judaïsme connaît un véritable renouveau, une reprise de la pratique. Beaucoup de jeunes juifs retrouvent le chemin de la synagogue. La communauté juive de France est par ailleurs la plus importante d’Europe, la deuxième communauté en diaspora après les États-Unis. La conférence de l’ICCJ est aussi l’occasion de découvrir Aix-en-Provence, la ville de Jules Isaac et de visiter le camp des Milles, un camp d’internement et de déportation français durant la Seconde Guerre mondiale.
Source : La Croix