Dans l’édition de l’hebdomadaire britannique du samedi 19 avril, un article montre l’intérêt pour les écoles de gestion d’étudier la stratégie avec laquelle le nouveau pape a renouvelé la marque « catholique romaine » et restructuré sa multinationale.
Jorge Bergoglio est à l’Église catholique ce que Steve Jobs a été pour Apple ou Sergio Marchionne pour Fiat. C’est ce que considère The Economist dans un article qui paraît samedi 19 avril, traitant de l’« effet François » sous un angle uniquement managérial.
Pour l’hebdomadaire libéral britannique, la Harvard Business School devrait ajouter à ses fameuses études de cas, à la base de sa pédagogie, celui de Jorge Bergoglio, « l’homme qui a renouvelé la marque RC Global (pour Catholique romain global, NDLR) en à peine une année ».
Stratégie
L’article prend le parti, non sans un humour cru, de considérer l’Église catholique comme « la plus vieille multinationale au monde », avec le pape comme PDG. Il rappelle comment à son arrivée, le nouveau patron argentin a trouvé une entreprise en crise, prise dans des scandales, avec une force de vente démoralisée, ne parvenant plus à recruter et perdant des parts de marché dans les pays émergents, notamment au profit des pentecôtistes.
The Economist, dont les articles ne sont jamais signés, montre comment le pape François a retourné la situation en suivant un principe de management de base : « François a refocalisé son organisation sur une mission : aider les pauvres ». L’hebdomadaire revient sur le changement bien connu de train de vie opéré par le nouveau pape. Il estime que sa « poor-first strategy » (stratégie de priorité aux pauvres) donne à l’Église un potentiel de croissance sur les marchés émergents.
Marque repositionnée
Autre principe managérial suivi par le pape, repositionner la marque catholique. L’article souligne le ton et l’approche avec lesquels le nouveau pape aborde les sujets sensibles de société, sans changer les fondamentaux.
Dernier principe, la restructuration. The Economist rappelle ici la réforme de la curie romaine en cours mise en œuvre à partir d’un conseil de huit cardinaux (le « C8 ») et le recours à de grands cabinets de consultants, comme McKinsey et KPMG.
L’article illustre l’intérêt que suscite « l’effet François » dans des médias très différents (Time, Rolling Stones, Fortune…). À l’instar de The Economist, la presse économique s’intéresse au nouveau pape. The Wall Street Journal couvrira le prochain voyage du pape en Terre sainte, comme le quotidien américain des finances l’avait fait l’été dernier au Brésil.
« Un patron du CAC 40 »
« Quand je travaille avec ce pape, je me sens comme avec un patron du CAC 40 », a confié un expert financier français collaborant dans sa commission sur la structure économique du Saint-Siège. De fait, le nouveau pape est perçu et redouté en interne comme un patron gouvernant de près le Vatican.
Reste à savoir si « l’effet François » va se produire, s’interroge en conclusion The Economist. Dernier indice connu, le nombre de personnes qui se déclarent membres de l’Église catholique continue de faiblir en Amérique latine (67 % en 2013), d’après un sondage de l’institut chilien Latinobarometro rendu public mercredi 16 avril.
La Croix