Dans l’Égypte sous le joug du maréchal Abdel Fattah al-Sisi, les condamnations à mort pleuvent contre les Frères musulmans dans des prétoires qui ne font plus passer la justice mais infligent une loi du Talion inique et scandaleuse, dont on se demande jusqu’où elle culminera à l’annonce des 683 nouvelles peines capitales prononcées, lundi 28 avril, contre une confrérie à décapiter et ses partisans à abattre.
Dans le silence toujours aussi assourdissant de la communauté internationale qui ne dit mot et consent, les crimes de masse orchestrés par le vice-premier ministre et chef de l’armée égyptien, qui a bien déblayé le terrain après avoir arraché à Mohamed Morsi les rênes du pays, ne connaissent ni trêve ni clémence, suscitant effroi et indignation à l’extérieur de leurs enceintes, parmi les familles des victimes et les groupes de défense des droits de l’Homme.
« Ce n’est pas ça, la justice ! C’est une attaque haineuse commise par les autorités contre des centaines de leurs concitoyens, dont les familles vivent dans le chagrin et la terreur », a protesté avec force Ricken Patel, le directeur de l’association Avaaz auprès de l’AFP, tandis qu’au même moment le verdict faisait défaillir nombre de femmes, mères, épouses, filles, sœurs ou proches parentes, qui attendaient, angoissées, une issue tant redoutée.
La mascarade de procès qui, le 24 mars dernier et à la consternation générale, a envoyé à l’échafaud 529 membres des Frères musulmans, dont la plupart sont des enseignants et des médecins qui avaient opposé un alibi en béton à leurs juges, rendant de fait caduque l’accusation d’avoir attaqué le poste de police de Matay, n’était que les effroyables prémices d’une vengeance politique inassouvie, qualifiée de « farce violant les droits de l’Homme » par les avocats de la défense. Une bien macabre farce dont l’onde de choc est incommensurable.
Face à ces assassinats politiques perpétrés par une justice qui n’en a que le nom, véritable bras armé de la junte militaire au pouvoir, l’Union internationale des savants musulmans (IUMS), très inquiète devant la montée en puissance de la répression des libertés qui frappe aveuglément des universitaires comme des citoyens ordinaires, femmes et hommes, voire des enfants, s’est insurgée pour en dénoncer la profonde iniquité : « Ces jugements ne reposent pas sur des enquêtes impartiales, manquent de crédibilité et font la triste démonstration qu’ils sont conçus à seule fin d’écraser les voix de l’opposition », stipulait le communiqué officiel, tout en pointant du doigt des meurtres planifiés d’opposants politiques qui transgressent de la pire manière qui soit la Sharia, le droit international et la charte des droits de l’Homme.
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