L’archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France a été reçu, jeudi 26 avril, par le CCNE dans le cadre des auditions sur la révision des lois de bioéthique.
« L’être humain se reçoit, infiniment plus qu’il ne se donne. » Le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Georges Pontier, a livré jeudi 26 avril aux membres du Comité consultatif national d’éthique qui l’auditionnait dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, une contribution dense, en six points, embrassant tous les thèmes en jeu.
Et alertant contre une forme de fuite en avant : « Faut-il laisser dicter ces révisions par des impératifs financiers dus à la concurrence internationale dans le domaine de la recherche, par des transgressions d’interdits majeurs mises en place dans d’autres pays, par des demandes sociétales où s’expriment des désirs exacerbés en raison d’un individualisme grandissant et de possibilités techniques ? »
Principe de précaution
Insistant sur l’importance de principes fondateurs du droit français de la bioéthique depuis 1994, l’indisponibilité et la non-marchandisation du corps humain, l’archevêque de Marseille a plaidé pour que le législateur y ajoute un nouveau repère : le principe de précaution.
Ce principe, « – qui est constitutionnel pour l’environnement – devrait rentrer dans le champ de la bioéthique », a plaidé Mgr Pontier, évoquant la vertu de prudence. Une prudence qui devrait se traduire, a-t-il poursuivi, par la réalisation d’« études d’impact sérieuses avant d’entreprendre tout changement de la loi de bioéthique ».
S’élevant contre l’« usage non raisonné du principe de non-discrimination » dans ces débats, il a rappelé : « Ce qui est différent ne constitue pas une inégalité ». Il a aussi mis en avant la primauté du droit de l’enfant : « Faire passer le droit des adultes avant celui de l’enfant est donc en soi une injustice. » Un argument contre l’élargissement de la PMA aux couples de femmes, ainsi que contre toute légalisation de la gestation pour autrui.
PMA et GPA ont d’ailleurs constitué l’un des fils rouges de son allocution : « C’est une violence pour l’enfant de subir l’abandon de la femme avec laquelle il est lié par le lien gestationnel (…). C’est une violence de naître sans une lignée paternelle. »
Dévoiement de la médecine
Autre point développé : le risque de dévoiement du rôle de la médecine, qui doit rester, a-t-il insisté en citant le philosophe Claude Bruaire, « gardienne du seuil de l’humanité ». Plutôt que de demander à la médecine d’honorer des demandes sociétales, l’Église estime que le législateur devrait plutôt établir des « priorités de santé » profitables à toute la société, assurant par exemple « les soins de base et l’accompagnement des personnes âgées ».
De même, il a alerté contre l’« eugénisme libéral » – « vraie tentation déjà à l’œuvre » : « Les tests génétiques et les techniques de dépistage doivent rester au service du bien des personnes elles-mêmes et non pas de l’élimination des personnes dont les caractéristiques sont jugées par beaucoup indésirables. »
La Croix