Le pape fustige « l’indifférence » du monde face à la mort des migrants

Le pape François a fustigé hier à Lampedusa « l’indifférence » du monde face à la mort de centaines de migrants venus d’Afrique qui tentaient de traverser la Méditerranée en quête d’« une vie meilleure ». « La culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d’autrui » et « aboutit à une mondialisation de l’indifférence », a déploré le pape lors d’une messe devant 10 000 personnes sur le stade de l’île sicilienne, qui agitaient des fanions aux couleurs vaticanes avec en arrière-plan des épaves d’embarcations de migrants. « Prions pour avoir un cœur qui sache embrasser les immigrés. Dieu nous jugera sur la base de comment nous traitons ceux qui sont dans le besoin », a ajouté le pape sur Twitter. Depuis un lutrin symboliquement fabriqué à partir d’un gouvernail et de rames, François a expliqué avoir décidé ce voyage sans précédent – et sa première sortie hors de Rome – pour « accomplir un geste de proximité et réveiller les consciences afin que ce qui s’est produit ne se répète plus ». Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, 40 migrants sont morts au premier semestre en tentant de gagner l’Italie depuis l’Afrique du Nord après un bilan encore plus lourd de 500 victimes en 2012. « Qui est responsable du sang de ces frères et sœurs ? (…) Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle », a dénoncé le pape en demandant « pardon » pour toutes ces victimes. Devant une statue de la Vierge, il a aussi réclamé « la conversion de ceux qui génèrent la guerre, la haine, la pauvreté, exploitent leurs frères et font commerce indigne de la vie humaine ».


Au cours de sa visite de près de cinq heures, le pape a à plusieurs reprises remercié les 6 000 habitants de Lampedusa, les organisations humanitaires et les forces de police : « Un exemple de solidarité. » Lampedusa doit être « un phare du monde entier pour que partout on ait le courage d’accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure », selon le pape. Avant la messe, le pontife avait été conduit en vedette des gardes-côtes devant la Porte de l’Europe, un monument dressé à la mémoire des victimes des naufrages. Sur ce bateau qui a secouru 30 000 personnes en huit ans, le pape a dit une prière puis jeté une couronne de chrysanthèmes tandis que les autres embarcations faisaient retentir leurs sirènes. Le pape s’est rendu aussi sur le quai où les réfugiés sont débarqués après des périples exténuants qui commencent le plus souvent dans des zones ravagées par des conflits en Afrique (Somalie, Éthiopie) et au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Afghanistan).

« Prions pour ceux qui aujourd’hui ne sont pas là », a dit le pape à des migrants africains arrivés récemment. « Nous avons fui notre pays pour deux motifs, économique et politique », a répondu l’un d’eux en demandant « l’aide du Saint-Père après nos longues souffrances ». Toutes les cérémonies étaient marquées par la sobriété, sans personnalités politiques. C’est une vieille jeep fournie par un habitant qui a fait office de papamobile.

 

Source : L’Orient Le Jour

 

F. Achouri

Sociologue.

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