Cachemire : l’escalade se poursuit entre l’Inde et le Pakistan

Suite à l’attaque meurtrière de mardi au Cachemire, des échanges de tirs ont eu lieu durant la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 avril entre troupes pakistanaises et indiennes le long de la ligne de contrôle (LOC), la frontière entre les deux pays. L’ONU appelle à la « retenue maximale ».

Depuis l’attentat ayant tué 25 Indiens et un Népalais au Cachemire indien mardi, l’escalade entre l’Inde et le Pakistan se poursuit, alors que New Delhi avait imputé la responsabilité de cette attaque à Islamabad, qui a aussitôt démenti. Trois jours plus tard, des échanges de tirs se sont déroulés durant la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 avril entre troupes pakistanaises et indiennes le long de la ligne de contrôle (LOC), la frontière de facto entre les deux pays au Cachemire.

Ces échanges de tirs « de poste à poste » auraient eu lieu « dans la vallée de Leepa », selon un haut responsable de l’administration au Cachemire pakistanais dont les propos sont rapportés par l’Agence France Presse. Les tirs n’ont « pas visé la population civile et la vie suit son cours, les écoles sont ouvertes », selon Syed Achfaq Gilani, un haut responsable de l’administration au Cachemire pakistanais. L’armée indienne a confirmé des tirs brefs à l’arme légère lancés, selon elle, par le Pakistan et auxquels elle a « répondu efficacement ».

Les portraits-robots de trois suspects diffusés

De son côté, le Sénat pakistanais a voté à l’unanimité une résolution qui « rejette » les accusations « infondées » de l’Inde et « prévient » que le Pakistan est « prêt à (se) défendre ». L’attaque n’a pas été revendiquée, mais la police indienne a diffusé les portraits-robots de trois suspects, dont deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Toiba (LeT), basé au Pakistan.

Le suspect de nationalité indienne, identifié comme Adil Thokar, et un autre militant local présenté comme Ashif Sheikh, sont au cœur des investigations, a confié sous couvert de l’anonymat à l’Agence France Presse une source policière. « Les deux sont actifs depuis trois ou quatre ans et font partie du TRF (The Resistant Front), un groupe proche du LeT », le mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba basé au Pakistan, a ajouté cette source.

LeT est soupçonné des attaques qui ont fait 166 morts dans la mégapole de Bombayen 2008. « Ils sont recherchés et impliqués dans des attaques visant les forces de sécurité », a poursuivi cette source, qui n’est pas autorisée à parler à la presse. Plusieurs membres de leurs familles ont été placés en détention après l’attaque de mardi. De plus, l’armée indienne a détruit, ce vendredi, à l’explosif deux maisons présentées par les autorités comme appartenant aux familles des auteurs de l’attentat.

L’ONU plaide pour « une résolution pacifique »

Depuis mardi, le gouvernement ultranationaliste hindou de New Delhi et Islamabad se sont lancés dans une spirale de mesures punitives et de rétorsion censées rendre coup pour coup. L’Inde a, le lendemain de l’attaque, ouvert le bal des sanctions, avec entre autres mesures largement symboliques, la suspension d’un traité sur le partage des eaux de l’Indus, la fermeture du principal poste-frontière terrestre et l’expulsion de diplomates. À l’issue d’une rare réunion de son Comité de la sécurité nationale, le Pakistan a riposté en appliquant à chaque sanction une mesure de réciprocité.

Dans ce contexte, l’ONU plaide pour « une résolution pacifique »« Nous exhortons les deux gouvernements (…) à la retenue maximale et à s’assurer que la situation ne se détériore pas », a déclaré jeudi soir le porte-parole des Nations unies Stephane Dujarric.

L’Humanité

F. Achouri

Sociologue et consultante en développement des ressources humaines.

Articles recommandés