Qu’est-il passé par la tête du directeur de l’école Angela Davis à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) ? Celui-ci a publiquement affiché, la veille du 6 juin, les noms de huit enseignants avec le motif de leur absence le lendemain : « fête religieuse », en l’occurrence l’Aïd al-Adha. Une référence au « débarquement de Normandie de 1944 » – qui a eu lieu un 6 juin – a également été ajoutée.
Ces absences pour fête religieuse sont pourtant un droit pour les agents de la fonction publique et la direction n’avait pas à divulguer l’information. Face à un tel dérapage, l’intersyndicale FSU, CGT, SUD, CNT de Seine-Saint-Denis a exprimé, mardi 17 juin, son indignation face au comportement du directeur de l’école dont la pratique constitue « une atteinte grave à la vie privée et à la protection des agent·es ».
« En exposant le motif de leur absence, pourtant parfaitement légal et autorisé par la hiérarchie, ces collègues ont été mis·es en danger », se sont insurgés les syndicats. « Cette divulgation contrevient aux principes fondamentaux du service public, notamment au respect du principe de laïcité, qui implique à la fois la neutralité de l’État et la garantie de la liberté de conscience des agent·es. »
Exprimant son soutien « plein et entier » à leurs collègues à qui « aucune dérive, aucun manquement ne peut être reproché à nos collègues », l’intersyndicale a salué « le soutien clair et sans ambiguïté apporté par les parents d’élèves et la municipalité, qui ont pris leurs responsabilités en défendant les agent·es face à cette stigmatisation injustifiée ».
La mention du débarquement est en outre un « parallèle douteux », une rhétorique qui fait écho « aux théories racistes et conspirationnistes, comme celle du « grand remplacement », et participe à une banalisation inquiétante des discours islamophobes », ont déploré les syndicats.
« Dans un contexte national marqué par une recrudescence de l’islamophobie, il est urgent de réaffirmer les principes de respect, d’égalité et de non-discrimination », ont-ils martelé, appelant l’administration à « garantir une protection sans faille à ses agent·es, comme le prévoit leur statut » et à « engager les mesures nécessaires pour faire cesser de telles pratiques ».
Le rectorat de Créteil, qui a dénoncé « une publication non réglementaire et inacceptable », a indiqué avoir pris le problème en charge dès qu’il a été signalé le jour même de l’affichage. « On peut afficher les enseignants absents pour informer les parents, mais en aucun cas, on ne peut donner des informations personnelles sur le motif de l’absence comme une raison médicale. Avec les règles sur la laïcité, c’est encore plus grave d’évoquer des raisons religieuses », a précisé à BFMTV le rectorat, qui a assuré que des suites seront données à cette affaire.
Saphirnews