Un grand nombre des victimes ont été tuées alors qu’elles se trouvaient devant des sites associés à la Fondation humanitaire de Gaza, conçue par les États-Unis et soutenue par Israël.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, 94 Palestiniens ont été tués par des frappes aériennes et des tirs israéliens dans la bande de Gaza, selon les hôpitaux et le ministère de la santé de l’enclave, cités par l’agence américaine The Associated Press, ajoutant que l’armée israélienne n’a pas commenté ces frappes dans l’immédiat.
Parmi les victimes, 45 tentaient d’obtenir une aide humanitaire indispensable. Cinq personnes ont été tuées alors qu’elles se trouvaient devant des sites associés à la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), l’organisation américaine secrète nouvellement créée et soutenue par Israël pour nourrir la population de la bande de Gaza, tandis que 40 autres personnes ont été tuées alors qu’elles attendaient de l’aide dans d’autres endroits de la bande de Gaza, rapporte AP.
Selon un communiqué du ministère de la Santé à Gaza, le bilan total des attaques israéliennes des dernières 24 heures s’élève à 118 morts et 581 blessés. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 57.130 personnes ont été tuées par l’armée israélienne à Gaza, et plus de 135.173 blessées.
Dans ce cadre, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a demandé, dans un message publié sur son site Internet, l’ouverture d’une enquête sur les fusillades mortelles visant des Palestiniens qui tentent d’obtenir de la nourriture dans le cadre du mécanisme actuel de distribution de denrées alimentaires à Gaza, soutenu par les États-Unis et Israël, rapporte l’AFP. Alors que l’ancien réseau de distribution dirigé par les Nations unies exploitait environ 400 sites dans la bande de Gaza, la Fondation humanitaire de Gaza, gardée par des agents de sécurité privés armés travaillant pour une société américaine, n’a mis en place que quatre « méga-sites », trois dans le sud et un dans le centre de Gaza – aucun dans le nord, où les conditions sont les plus difficiles.
Frappes sur une école abritant des déplacés
Parmi le bilan des dernières heures, 15 personnes tuées dans des frappes ayant visé des tentes dans la vaste zone d’al-Mawassi, où de nombreux Palestiniens déplacés sont réfugiés. Une autre frappe sur une école de la ville de Gaza abritant des déplacés a également fait 15 morts. Jeudi à Gaza-ville, un responsable de la Défense civile, Mohammad al-Moughayir, a déclaré à l’AFP qu’il y avait eu « 12 martyrs parmi lesquels une majorité d’enfants et de femmes, et un grand nombre de blessés lors d’une frappe aérienne israélienne sur l’école Moustafa Hafez, qui abrite des déplacés, dans le quartier d’al-Rimal ».
Des images de l’AFP montrent de jeunes enfants errant dans le bâtiment carbonisé après le bombardement, au milieu d’un amas de débris où certains fouillent dans les décombres. Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a répondu qu’elle examinait cette information, ainsi qu’un autre incident, dans le centre de Gaza, où selon les secouristes, six Palestiniens en quête d’aide humanitaire ont été tués par des tirs israéliens.
Israël a récemment étendu ses opérations militaires dans la bande de Gaza, où la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a créé des conditions humanitaires désastreuses et déplacé la quasi-totalité des quelque 2,4 millions d’habitants dans le petit territoire côtier. De nombreuses personnes essayent de trouver refuge dans des bâtiments scolaires, mais ceux-ci ont été à plusieurs reprises la cible d’attaques israéliennes qui, selon l’armée, visent des militants du Hamas se cachant parmi les civils.
Jeudi, l’armée israélienne a affirmé avoir ciblé une cellule terroriste, à Gaza, qui a lancé hier des roquettes en direction d’Israël, rapporte le Haaretz, ajoutant que ses membres ont été tués lors d’une attaque de l’armée de l’air.
La GHF en question
Le mécanisme de distribution de l’aide humanitaire est sujet à controverse depuis fin mai et sa prise en main par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation soutenue par les Etats-Unis et Israël. Les Nations unies ont accusé les militaires israéliens d’avoir « bombardé et tiré sur des Palestiniens essayant d’atteindre les points de distribution, causant de nombreux décès ». L’armée israélienne a reconnu avoir ouvert le feu à proximité de sites de distribution d’aide, mais affirme avoir répondu à une « menace ».
« Nous ne fermerons pas. Nous avons une tâche à accomplir. C’est très simple: fournir tous les jours de la nourriture gratuite aux habitants de Gaza. C’est tout », s’est défendu mercredi le président de la GHF, Johnnie Moore. Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël, qui assiège la bande de Gaza, et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de la Défense civile.
« Nos enfants en souffriront »
En coulisses, la classe politique israélienne continue de se diviser entre partisans d’une trêve de 60 jours — pendant laquelle seraient libérés la moitié des otages encore vivants retenus à Gaza, en échange de prisonniers palestiniens — et ceux d’une poursuite des combats tant que le Hamas n’est pas anéanti. « Si nous ne parvenons pas à faire disparaître le Hamas, nos enfants en souffriront! », a estimé dans un entretien à la chaîne 14 le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.
Il compte, avec un autre ministre d’extrême droite, Bezalel Smotrich, faire pression sur le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, pour qu’il repousse les propositions américaines pour un cessez-le-feu à Gaza. M. Netanyahu doit se rendre la semaine prochaine à Washington pour une troisième rencontre en moins de six mois avec le président américain, Donald Trump, qui presse pour un arrêt rapide des hostilités.
L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne. Plus de 57.000 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU.
L’Orient Le Jour