F. Achouri Pour la première fois de l’histoire de la République française, et même de l’Union européenne, un ex-président va aller en prison. Nicolas Sarkozy, condamné le 25 septembre à cinq ans de prison ferme dans le procès libyen, est fixé depuis lundi sur la date et le lieu de sa détention. L’ancien chef de l’État, qui a fait appel, est sous le coup d’un mandat de dépôt à effet différé « avec exécution provisoire ». Il a bénéficié d’un délai avant son incarcération pour prendre ses dispositions professionnelles.
Moins de 20 jours après sa condamnation, Nicolas Sarkozy était de retour lundi au tribunal judiciaire de Paris, convoqué par le parquet national financier (PNF). Selon une source proche du dossier, il a appris qu’il sera incarcéré le 21 octobre à la prison de la Santé, à Paris.
“Le quartier VIP”
En région parisienne, seules deux maisons d’arrêt disposaient d’un quartier dit “vulnérable”, c’est-à-dire à même d’assurer la sécurité de l’ancien président : la Santé à Paris et Fleury-Mérogis, au sud de la capitale. La Santé, dernière prison intra-muros de Paris, était néanmoins dans tous les esprits dès la fin septembre. RTL affirmait même le 25 septembre, date de la condamnation de Nicolas Sarkozy, qu’une cellule était déjà prête pour lui dans cet établissement pénitentiaire du 14e arrondissement de la capitale. Il aurait une chambre réservée dans le “quartier des personnes vulnérables” (QPV) ou “quartier des particuliers”, parfois aussi surnommé “le quartier VIP”. L’ex-président pourrait aussi être placé à l’isolement.
Le QB4 (quartier bas numéro 4) est une unité spécifique destinée à accueillir des personnalités publiques, considérées comme “à risque” si elles étaient placées avec les autres détenus. Une fois dans cette zone, elles sont isolées du reste de la prison. L’ancien maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, y a été incarcéré en 2019 pour fraude fiscale.
Pas « un régime de faveur »
Un des proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant, – également reconnu coupable d’association de malfaiteurs dans le procès libyen et condamné à six ans de prison – a aussi fait un tour dans ce quartier de la prison. Contactée par le service CheckNews du journal Libération en 2019 au sujet des conditions de détention de Patrick Balkany, la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) a affirmé que le “quartier des personnes vulnérables” n’était pas « un régime de faveur ».
Et de préciser : « Les prisonniers détenus dans ce quartier ont exactement les mêmes droits, les mêmes temps de promenade que les autres détenus. Leur cellule est de la même taille que l’ensemble des cellules de cette prison. » Pendant les travaux de réhabilitation de l’établissement, qui a partiellement été fermé de 2014 à 2019, les cellules ont été agrandies, passant de 7m2 à 9m2.
Trois parloirs par semaine
« Il aura sa douche en cellule, le frigo, la télé, comme tous les autres détenus. Il n’y aura aucun traitement de faveur », a précisé au micro de BFMTV, Hugo Vitry, secrétaire local FO Justice à la prison de la Santé. Les détenus vivent et mangent leur repas tout seuls dans leur cellule. Comme tous les autres, Nicolas Sarkozy aura le droit à trois visites de ses proches par semaine et il pourra bénéficier des parloirs avec ses avocats et ses proches qui devront en faire la demande.
En revanche, des mesures de sécurité spécifiques, différentes de celles appliquées aux autres détenus, sont mises en place. Selon Le Parisien, les détenus du QPV ne se déplacent jamais seuls : que ce soit pour aller à la bibliothèque, au sport ou au parloir, ils sont accompagnés par un agent. Les détenus du QPV disposent même d’une cour de promenade à part, dans laquelle ils peuvent marcher une heure de temps. Ils sont ainsi enfermés 23 heures sur 24.
Dès son entrée en prison, la défense de Nicolas Sarkozy pourra déposer une demande de mise en liberté devant la cour d’appel. Celle-ci a un maximum de deux mois pour statuer sur cette demande. En cas de rejet, l’ancien président pourra déposer de nouvelles demandes.
Le Dauphiné libéré
