Les persécutions religieuses sont un fléau qui touche plus de 5,4 milliards de personnes, soit près des deux tiers de l’humanité. C’est le constat accablant dressé par l’Aide à l’Église en détresse (AED) dans son rapport paru mardi 21 octobre. Ce qu’il faut en retenir.
Le rapport 2025 sur la liberté religieuse dans le monde, rendu public mardi 21 octobre par l’Aide à l’Église en détresse (AED), fait un état des lieux alarmant des pays où les communautés religieuses sont les plus en danger. L’étude, qui couvre toutes les confessions et 196 pays, classe les nations en deux catégories. Ainsi, la Chine, la Corée du Nord, l’Inde, le Nigeria et le Nicaragua font partie des 24 pays « classés dans la pire des catégories, celle des persécutions », pays où « les violations graves et systémiques, impliquant de la violence, des arrestations et de la répression, sont susceptibles d’affecter plus de 4,1 milliards de personnes ».
En parallèle, 38 pays sont classés comme « subissant des discriminations religieuses », affectant potentiellement la vie de plus de 1,3 milliard de personnes, soit 17,3 % de la population mondiale. Dans ces pays tels que l’Égypte, l’Éthiopie, la Turquie et le Vietnam, « les groupes religieux sont confrontés à des restrictions en matière de culte, d’expression et d’égalité des droits », note l’AED.
Des causes aux conséquences catastrophiques
Son rapport identifie « trois tendances majeures qui alimentent la répression religieuse » : « les régimes autoritaires » qui placent « de plus en plus le contrôle et la répression légale de la religion au cœur de leur stratégie de consolidation » ; « la violence djihadiste », qui tire son carburant d’un extrémisme religieux qui s’intensifie dans certaines régions comme l’Afrique de l’Ouest et « ciblent les communautés chrétiennes et musulmanes qui n’adhèrent pas à leur idéologie » ; et enfin, « le nationalisme religieux », avec une « instrumentalisation de l’identité ethnique et religieuse » qui viole les droits des minorités, particulièrement en Inde et au Myanmar (Birmanie).
A côté des 62 pays signalés, 24 autres sont classés comme étant « en observation », et ce « en raison d’une montée des signes alertant sur les menaces qui pèsent sur la liberté religieuse, parmi lesquels la croissance de l’intolérance, l’érosion des protections légales, l’extrémisme religieux et une interférence croissante de l’État dans la vie religieuse ». Dans ce cadre, 750 millions de personnes sont potentiellement affectées.
En conséquence, « des millions de personnes ont fui la violence et la discrimination, faisant de la persécution religieuse un facteur majeur et souvent négligé de la crise mondiale actuelle de déplacement ». Par ailleurs, les femmes et les filles issues de minorités religieuses, « doublement vulnérables », subissent des abus systématiques, comme au Pakistan, en Égypte et au Mozambique. L’AED alerte également sur une « explosion des crimes de haine antisémites et antimusulmans en Occident ». Or, « dans de nombreux cas, les réponses du gouvernement se sont révélées insuffisantes, alimentant la peur et l’insécurité au sein des communautés confessionnelles », relève l’organisation en citant la France. Elle déplore également une « hausse des actes anti-chrétiens » dans les pays occidentaux.
La liberté religieuse, « une victime mondiale » de l’autoritarisme et des guerres
Selon l’AED, « ces persécutions religieuses se sont intensifiées dans un contexte de multiplication des conflits » mais aussi du développement de l’intelligence artificielle et des outils numériques, « de plus en plus utilisées pour surveiller, profiler et pénaliser l’expression religieuse », « pour censurer, intimider et criminaliser les croyants, transformant la foi religieuse en une menace perçue pour la sécurité » comme en Chine, en Corée du Nord et au Pakistan.
« La liberté religieuse est un droit humain fondamental inscrit à l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et non un privilège », rappelle l’AED, qui a lancé avec son rapport une pétition « en faveur de la protection et de la promotion, de toute urgence, du droit fondamental à la liberté de pensée, de conscience et de religion, partout dans le monde ».
L’organisation appelle les institutions internationales et les gouvernements démocratiques à une action urgente « pour soutenir les communautés religieuses qui font preuve d’une résilience indéfectible face à la persécution ». Ces dernières, qui agissent comme « artisans de paix » par le biais d’initiatives interreligieuses, doivent non seulement « condamner publiquement toutes les formes de persécution religieuse », mais aussi « faire de la liberté religieuse une priorité dans leur politique étrangère et leurs relations diplomatiques, « appliquer des mesures appropriées à l’encontre des régimes qui violent de manière répétée ce droit fondamental » et enfin, prendre des mesures concrètes « pour prévenir les violations, assurer la protection effective de ce droit et promouvoir le développement socio-économique des minorités religieuses ».L’objectif, signifie la pétition, est « de prévenir les migrations forcées et de permettre aux communautés de rester dans leurs foyers et sur leurs terres ancestrales ».
Saphirnews
