Cinq policiers comparaissaient vendredi 24 octobre 2025 devant le tribunal correctionnel de Nice, trois d’entre eux sont accusés d’avoir proféré des injures « en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion » envers deux Tunisiens. C’est un enregistrement audio accablant qui a permis de révéler l’affaire.
Cinq policiers nationaux en poste à Nice comparaissaient devant le tribunal correctionnel ce vendredi 24 octobre 2025. Ils sont poursuivis pour des propos racistes tenus en juillet dernier à l’encontre de deux Tunisiens, soupçonnés de faire du trafic de stupéfiants, qu’ils venaient d’interpeller dans le quartier des Moulins. L’affaire a été révélée par Le Canard Enchaîné. L’un des deux interpellés avait déclenché son enregistrement audio sur son téléphone.
Un enregistrement qui dure plus de 30 minutes, où, on entend des propos condamnables comme : « Sale bougnoule, t’es un arabe, t’es là pour violer des Françaises et nous voler ». Les fonctionnaires pourraient s’être également livrés à des actes islamophobes en déchirant des pages du Coran de l’un des interpellés, puis en tentant de les lui faire avaler.
L’enregistrement qui a été réalisé à l’insu des fonctionnaires avait été découvert par l’officier de police judiciaire qui interrogeait en garde à vue ces deux Tunisiens. L’officier avait alors transmis l’enregistrement à l’IGPN avait engagé des poursuites.
« Retourne dans ton pays… »
L’écoute de l’enregistrement à l’audience a choqué : « On veut pas de toi ici, t’es sans papier, retourne dans ton pays de suceur de chameaux », « rentre chez toi dans ton pays de merde », « tu violes la France », peut-on aussi y entendre.
Des peines d’emprisonnement de 12 à 18 mois avec sursis et l’interdiction définitive d’exercer ont été requises par le procureur Martinelli. De quoi plomber les policiers venus massivement soutenir leurs collègues au tribunal. Les prévenus sont actuellement suspendus et sous contrôle judiciaire.
« Faire reposer cinq vies sur un manquement regrettable, d’ailleurs, ils l’ont regretté, c’est manifestement excessif, déplore Eric Borghini, avocat de l’un des prévenus à France 3 Côte d’Azur. Le ministère public n’a pas les mêmes réquisitions envers d’autres délinquants qui se présentent devant le tribunal avec un casier judiciaire long comme un jour sans pain. »
« Mon client souhaite rentrer dans son pays car il trouve qu’il n’a plus sa place en France après ce traitement, indique à France 3 Provence Alpes Kada Sadouni, l’avocat de l’une des deux victimes, par ailleurs délinquant multirécidiviste. Il veut être reconnu comme victime et être dédommagé par rapport à ce qu’il a vécu. Il voudrait aussi que ces policiers ne puissent plus exercer ou soient suspendus pendant un certain temps pour éviter une récidive de ce genre de comportement. » La décision du tribunal sera connue le 10 novembre prochain.
France 3 PACA
