Recevant le samedi 25 janvier une association féminine italienne, le pape François a répété son souhait « que s’élargissent les espaces » de responsabilités ouverts aux femmes dans l’Église, sans oublier leur « rôle irremplaçable dans la famille ».
Le congrès national d’une grande association féminine italienne d’inspiration chrétienne née il y a bientôt 70 ans, Cif (Centro italiane femminile), a offert l’occasion au pape François de réitérer son souhait « que s’élargissent les espaces pour une présence féminine plus décisive dans l’Église ». Recevant une délégation de 300 personnes de cette association, il s’est déjà « réjoui de voir de nombreuses femmes partager certaines responsabilités pastorales avec les prêtres dans l’accompagnement des personnes, des familles et des groupes, comme dans la réflexion théologique ».
Le contexte de réforme de la Curie
Ces propos surviennent à un moment où, dans le cadre de la réforme de la Curie, les huit cardinaux conseillant le pape estiment nécessaires de confier davantage de responsabilités à des laïcs, et en particulier à des femmes, pour de hauts postes non cléricaux.
En voulant une « présence féminine plus décisive », le pape reprend ce qu’il a exprimé à ce propos dans sa conférence de presse lors du vol retour de Rio le 29 juillet, dans son entretien aux revues jésuites en septembre et, de manière plus solennelle, dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium (La joie de l’Évangile) rendue publique fin novembre 2013. Dans ce texte, il invite pasteurs et théologiens à réfléchir « au rôle possible de la femme là où se prennent des décisions importantes, dans les divers milieux de l’Église ».
Dans cette même exhortation, le pape argentin borne toutefois la réflexion en rappelant que le « sacerdoce réservé aux hommes […] ne se discute pas ». Il a aussi exclu l’idée de femmes cardinales dans son entretien au quotidien italien La Stampa du 15 décembre 2013.
Le pape argentin veille aussi à se placer dans le sillage de ses prédécesseurs, se référant en particulier à la lettre apostolique de 1988, Mulieris dignitatem, de Jean-Paul II, un « document en phase avec l’enseignement du Concile Vatican II », qui a reconnu la force morale et spirituelle de la femme. Jorge Bergoglio a aussi cité le message pour la Journée mondiale de la Paix de 1995 du même Jean-Paul II sur le thème « La femme, éducatrice de paix ».
« Apport du génie féminin »
Surtout, borne incontournable dans cette réflexion demandée par le pape François, celle du « rôle irremplaçable de la femme dans la famille », qu’il a rappelé à son auditoire féminin du 25 janvier. « Les qualités de délicatesse, de sensibilité et de tendresse, dont l’âme féminine est riche, représentent non seulement une force pour la vie des familles, pour la création d’un climat de sérénité et d’harmonie, mais une réalité sans laquelle la vocation humaine serait irréalisable », leur a-t-il dit, lisant son texte debout dans l’imposante Salle Clémentine du Vatican.
« Dans le monde du travail et de la sphère publique il est indéniable, a poursuivi le pape François, que l’apport plus décisif du génie féminin soit important », mais « cet apport reste indispensable dans le contexte de la famille, qui pour nous chrétiens n’est pas seulement un lieu privé, mais cette ‘Église domestique’, dont la bonne santé et prospérité est essentielles pour la santé et la prospérité de l’Église et de la société elle-même. » « La présence de la femme dans le cadre domestique se révèle donc plus que jamais nécessaire pour la transmission aux générations futures de solides principes moraux et pour la transmission de la foi », a insisté celui dont la grand-mère a joué un rôle essentiel pour découvrir personnellement sa propre foi.
Discernement
C’est avec ces jalons en place que le pape jésuite appelle au « discernement nécessaire ». Un temps dans lequel « la réflexion sur la réalité de la femme dans la société d’aujourd’hui, mais aussi la prière, assidue et persévérante » sont essentielles. « C’est dans le dialogue avec Dieu, irrigué par la grâce des sacrements, que la femme chrétienne cherche toujours et constamment à répondre à cet appel du Seigneur, dans tous les aspects concrets de sa condition ».
La Croix