Trois actifs sur dix affirment avoir été victimes de discrimination au travail, une proportion qui n’a pas vraiment régressé ces dernières années, les victimes ayant aussi souvent tendance à ne pas réagir, selon un baromètre Ifop publié lundi. L’enquête, réalisée pour le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT) pour la septième année consécutive, montre que 31 % des agents de la fonction publique et 29 % des salariés du privé rapportent avoir été victimes. L’an dernier, ils étaient respectivement 29 et 30 % et en 2012 26 et 28 %.
« Relative absence de réaction des victimes »
Seul un actif sur deux n’a par ailleurs jamais été témoin de discrimination au travail (51 % dans le public, 56 % dans le privé). Pour environ huit actifs sur dix (78 % dans le public, 82 % dans le privé), le contexte de crise économique et de chômage est un facteur susceptible de favoriser les discriminations. Les principaux critères de discrimination cités par les victimes sont liés au genre (29 % dans le public, 31 % dans le privé) et à la grossesse et à la maternité (19 % et 20 %), les femmes étant donc naturellement plus touchées. Les salariés du privé citent aussi l’origine ethnique (27 %) ou la nationalité (19 %), tandis que ceux du public mettent en avant l’apparence physique (22 %). Le plus souvent, l’auteur désigné est le supérieur direct (cité par 48 % des victimes) ou la direction (35 % dans le public et 46 % dans le privé), puis des collègues de travail (34 % et 33 %).
Relevant que les discriminations sont « toujours aussi fréquentes », les auteurs de l’étude soulignent la « relative absence de réaction des victimes ». Près de quatre sur dix disent ainsi n’avoir pas réagi (37 % dans le public et 40 % dans le privé). Dans la très grande majorité des cas (75 % dans le public et 65 % dans le privé) par résignation et pour 29 % des salariés du privé par peur de représailles. Les auteurs de l’étude y voient la nécessité de lutter contre les discriminations, un combat plébiscité par plus de 98 % des actifs. Dix-neuf critères de discrimination sont prohibés par la loi, dont l’âge, l’apparence physique, l’orientation sexuelle, le handicap ou encore l’origine. Le Défenseur des droits a pour mission de lutter contre ces discriminations et peut être saisi directement et gratuitement par toute personne qui s’estime victime.
L’enquête a été réalisée par téléphone du 25 novembre au 12 décembre auprès d’échantillons représentatifs de 501 salariés du privé et de 500 agents de la fonction publique, selon la méthode des quotas.
AFP