La marginalisation qui les exclut du débat public et les renvoie à une infériorité fantasmée, intellectuelle et statutaire, n’a que trop duré, les musulmanes du Royaume-Uni, voilées et non voilées, s’expriment et s’engagent sur tous les fronts, sous l’étendard du féminisme qui, contrairement aux préjugés tenaces, n’est pas l’apanage exclusif de celles qui le brandissent frénétiquement à la manière d’un chiffon rouge agité devant l’islam, le voile et le patriarcat.
Elles sont la preuve vivante que l’islam n’est pas antinomique avec la défense de la cause des femmes, les nouveaux visages du féminisme britannique ne veulent plus que d’autres s’arrogent le droit de parler en leur nom pour mieux les stigmatiser, se libérant de la tyrannie intellectuelle des féministes occidentales et non de la fallacieuse aliénation que ces dernières imputent à leur religion, avec un art consommé des petits arrangements avec la vérité qui frisent les contre-vérités éhontées…
« Un très grand nombre de femmes musulmanes se sont senties évincées du débat sur les droits des femmes, or nous voulons réhabiliter cette injustice dans le cadre d’un projet qui va permettre aux femmes ordinaires de prendre part au débat sur le féminisme islamique, un débat qui jusqu’ici n’a pu avoir lieu que dans le huis-clos de la sphère universitaire », a déclaré Latifa Akay de l’association Maslaha.
« C’est vraiment en train de décoller. Le féminisme islamique n’a rien de nouveau en soi, ce qui va certainement en surprendre plus d’un. Les femmes musulmanes sont des femmes comme les autres, elles ont les mêmes préoccupations fondamentales que leurs congénères, telles que concilier vie professionnelle et vie privée, la discrimination à l’embauche, la garde d’enfants, et tant d’autres », a-t-elle renchéri.
Figure de proue de la jeune association Maslaha, créée récemment par la Young Foundation en vue d’améliorer les conditions sociales des communautés minoritaires en général, et de la communauté musulmane en particulier, la très dynamique Latifa Akay incarne le renouveau du féminisme musulman, à la fois en pleine cure de jouvence et sans frontières, qui d’Arabie saoudite, au Pakistan, en passant par l’Iran et jusqu’en Occident, connaît un formidable engouement.
Si tout le reste n’est que littérature ou propagande bien huilée, le discours des féministes musulmanes parle d’or de l’autre côté de la Manche, donnant la parole aux sans-voix, tout en puisant sa source d’inspiration dans une production littéraire très prolifique qui, ces dernières années, a abordé l’islam et le féminisme comme rarement auparavant.
Pour les nombreuses musulmanes qui ont rejoint l’association Maslaha, il est urgent de tordre le cou à l’idée fausse répandue par les féministes en mission commandée, selon laquelle le hijab est le symbole de l’oppression masculine. « Les médias dépeignent inlassablement les femmes musulmanes sous le même prisme, éternellement assujetties et opprimées sous le poids écrasant du patriarcat, tandis que l’islam est présenté comme misogyne», déplore vivement Latifa Akay, dont le voile qui s’harmonise joliment avec sa tenue n’est pas un bâillon qui la muselle. Il n’est que posé délicatement sur sa tête, et non sur ses neurones, sa capacité d’analyse, son indépendance d’esprit et son désir d’apporter sa pierre à l’édifice national.
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