Tournant le dos à l’histoire millénaire pour se projeter dans l’avenir placé sous le signe de l’acquisition de la majestueuse Mosquée de Cordoue, l’Église catholique d’Espagne, qui désire ardemment en faire son phare religieux prestigieux, s’arc-boute sur sa position, sourde à la clameur de protestation qui monte et affichant un souverain mépris face à la pétition qui fédère plus de 156 000 citoyens indignés.
Sous l’impulsion d’un groupe laïc foncièrement hostile à la démarche de christianisation de l’Église, qui a déjà entrepris de gommer le passé islamique, pourtant gravé dans la pierre, de la Mezquita de Cordoba en bannissant le terme « mosquée » sur les brochures touristiques et les panneaux de signalisation, une grande campagne bat aujourd’hui le rappel de la population pour s’insurger contre cette initiative.
Parmi les 156 000 citoyens, issus de tous les horizons, qui ne se sont pas faits prier pour signer la pétition, figurent nombre d’écrivains, de scientifiques, mais aussi des catholiques modérés, sans oublier un signataire de poids, en la personne du célèbre architecte britannique Norman Foster. « Pour nous, citoyens de Cordoue, ce qui nous indigne, c’est qu’ils ont censuré le nom et la mémoire du monument », déplore avec force Antonio Manuel Rodriguez, professeur de droit à l’Université de Cordoba.
Alors que le gouvernement régional d’Andalousie a fait savoir, la semaine dernière, qu’il envisageait une action en justice pour protéger la propriété publique de ce patrimoine culturel unique, l’Église catholique se targue de bénéficier du soutien de groupes conservateurs espagnols, qui n’ont pas tardé à lancer la contre-offensive dans une pétition rivale qui a recueilli 96 000 signatures.
Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1984, la mosquée-cathédrale de Cordoue, convertie en église au XVIè siècle après la Reconquista, puis en cathédrale, est une source d’émerveillement inépuisable pour les innombrables touristes du monde entier qui s’y pressent. Attisant les convoitises pas très catholiques de l’Église, il est inconcevable, à Cordoue et ailleurs, qu’une telle splendeur de l’architecture islamique soit ainsi amputée de sa mémoire.
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