Le patriarche Sako craint la division de l’Irak sur une base religieuse

« Allons-nous vers une guerre civile ? Dieu nous en garde, mais tout semble y conduire ». Alors que les troupes de l’État islamique en Irak et au Levant (EEIL) occupent Mossoul et sa région, le patriarche de Babylone des Chaldéens, S. B. Louis Raphaël Ier Sako, a fait parvenir mercredi 2 juillet à La Croix une déclaration sur la situation en Irak, « dans un but de sensibilisation » écrit-il. Selon le patriarche, la division du pays serait inéluctable. Mgr Louis SAKO, patriarche de Babylone des Chaldéens (Irak), à Paris, le 25 Mai 2012.

Selon le patriarche, les réfugiés se comptent « par millions ». Il demande : « Allons-nous vers une guerre civile ? Dieu nous en garde, mais tout semble y conduire ». La situation pourrait, selon le patriarche, durer des années, et n’aboutirait qu’à la division du pays en « cantons ethniques et sectaires à base de dénominations religieuses radicalisées. Si cette division est planifiée, pourquoi passer par la guerre et non pas à par un processus de dialogue et un accord ? »

L’EEIL a annoncé dimanche le 29 juin le rétablissement du califat, régime politique islamique disparu depuis près d’un siècle.

« Le triste oubli de la part de la communauté internationale »

« Nous chrétiens, ajoute le patriarche Sako, nous vivons le mystère du sommeil du Christ dans la barque (1) (..) Les vagues montent et nous menacent ! » prévient-il. Assurant que les chrétiens gardent espoir dans le Christ, il déplore fermement l’« indifférence alarmante et (le) triste oubli de la part de la communauté internationale » et ajoute : « Hélas, je ne vois pas jusqu’à quel point nous pouvons compter sur les politiciens. Dans leur majorité, ils semblent préoccupés par leurs propres intérêts, surtout le pétrole. »

Le patriarche a tenu à remercier « toutes les personnes de bonne volonté qui œuvrent en notre faveur, et à tous les fidèles qui prient pour nous ».

Déplorant l’absence de gouvernement depuis avril, le patriarche constate qu’« aucun signe n’apparaît en vue d’une solution politique relative à l’établissement de la sécurité. (Le pays) risque d’éclater et personne ne peut faire de pronostics. »

Il rappelle que le gouvernement de Bagdad ne contrôle plus les principales villes sunnites et confirme que « les troupes de l’EIIL, règnent en maîtres à Mossoul et sur presque tout l’Ouest Irakien (…) avant-hier deux religieuses chaldéennes avec deux jeunes orphelines et un garçon de 12 ans ont été kidnappé en plein jour à Mossoul. À cette heure, nous n’avons aucune nouvelle d’eux. »

Le patriarche s’est réjoui du retour des chrétiens à Qaraqosh. Les troupes irakiennes et kurdes ont repoussé les attaquants dimanche 29 juin, les habitants ont commencé à regagner leurs maisons.

 

La Croix

 

F. Achouri

Sociologue.

Nos services s'adressent notamment aux organisations publiques et privées désireuses de mieux comprendre leur environnement.

Articles recommandés