En Autriche, le parlement a adopté mercredi 25 février une nouvelle législation régissant le statut de la communauté musulmane. Porté par le gouvernement de coalition gauche-droite au pouvoir, le texte veut développer « un islam à caractère européen », assure le conservateur Sebastian Kurz, ministre de l’Intégration.
La loi prévoit, au rang des principales mesures, l’interdiction du financement des imams et des organisations cultuelles par des pays étrangers. Tous les imams devront maîtriser l’allemand, et des aumôniers musulmans seront introduits dans les prisons, les hôpitaux, l’armée et les maisons de retraite. Elle affirme aussi le droit à une nourriture halal, y compris dans l’école publique.
Le texte est destiné « à accorder davantage de droits aux musulmans, mais aussi à combattre clairement les dérives », précise Sebastian Kurz, alors qu’environ 200 personnes sont parties d’Autriche pour grossir les rangs des groupes extrémistes en Syrie et en Irak. L’Autriche compte 560 000 musulmans, principalement d’origine turque et bosniaque, pour une population totale de 8,5 millions d’habitants.
En préparation depuis deux ans, la loi n’est pas directement liée aux récents attentats européens en France et au Danemark. Une première version présentée en octobre dernier, qui prévoyait notamment une version officielle du Coran en allemand, avait suscité la controverse.
Ce texte modernise la loi sur l’islam de 1912, votée après le rattachement de la Bosnie-Herzégovine (à majorité musulmane) à l’empire austro-hongrois pour reconnaître l’islam. Jugée discriminatoire, l’interdiction de fonds étrangers pour le financement du culte musulman a été vivement critiquée par des organisations musulmanes autrichiennes, qui réfléchissent au dépôt d’un recours devant la Cour constitutionnelle pour contester la loi.
Saphirnews