Les 4000 manifestants de la marche nationale « Together in Peace » ont achevé dimanche, à 16H30, leur marche devant le Palais de Justice de Bruxelles par un discours du ministre de la Justice Koen Geens, un message d’espoir de trois jeunes de confession musulmane, juive et catholique et le lâcher de 10 colombes.
Les participants s’opposent à la polarisation de la population et à la stratégie de la peur issues des actes terroristes à Paris et à Copenhague et des attentats déjoués en Belgique.
Pour Jan De Volder, le coordinateur de cette marche Together in Peace qui rassemble une cinquantaine d’associations, il s’agit de donner une nouvelle réponse à ce qui nous divise : « En ce moment, il est plus important de souligner ce qui nous unit. Il ne faut pas que l’angoisse l’emporte. Nous voulons être ensemble dans la paix, la liberté et le respect, gage du vivre ensemble ».
De nombreuses personnalités religieuses et politiques sont présentes aux premiers rangs, parmi lesquelles le ministre de l’Intérieur Jan Jambon, l’évêque Robert Innes (Eglise anglicane), le grand rabbin Albert Guigui (Judaïsme), Monseigneur Léonard (Eglise catholique), le pasteur Steven Fuite, président de l’Union des églises protestantes de Belgique, Athenagoras Peckstadt, Métropolite de Belgique du patriarcat oecuménique de Constantinople (Eglise orthodoxe), ou Henri Bartholomeeusen, le président du Centre d’Action laïque.
Noureddine Smaïli, président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique, a ouvert les discours en appelant tous les représentants de la religion islamique à condamner la violence et le terrorisme sous toutes ses formes et à prôner un discours pacifique respectueux des valeurs démocratiques. Ses premiers mots ont été: « Celui qui tue un Homme, c’est comme s’il a tué tous les Hommes. (…) L’Homme est cité ici avec un grand H, ce qui veut dire les hommes et les femmes. »
La bourgmestre de Molenbeek Françoise Schepmans a souligné l’importance de cette manifestation au niveau local : « Ma commune est à l’avant-garde de tous ces défis que l’on connaît aujourd’hui. Notre difficulté est que dans nos quartiers, il n’y a pas de mixité religieuse et donc il est difficile de connaître les autres courants philosophiques et religieux« .
Les manifestants se sont tenus par moment par la main. Ils se sont arrêtés sur le trajet à la cathédrale orthodoxe des Saints Archanges Michel et Gabriel, à l’Église protestante du Bruxelles-Musée ainsi qu’à l’Église Notre-Dame du Sablon.
Henri Bartholomeeusen, président du Centre d’Action Laïque, a rappelé, depuis la Maison de la laïcité, que « le 14 janvier dernier, à l’initiative du gouvernement belge, les représentants des religions reconnues ont souscrit une déclaration d’adhésion aux valeurs partagées avec la laïcité. Il s’est agi, en votre nom, de reconnaitre le caractère universel des droits humains et des libertés fondamentales, et particulièrement la liberté d’expression, de penser, de presse et de religion« .
Devant la grande synagogue, le grand rabbin de Bruxelles Albert Guigui a déclaré: « Ensemble, nous devons plus que jamais transmettre aux générations futures le socle des valeurs fondatrices de l’Europe. (…) Une tâche infiniment lourde pèse sur chacun d’entre nous et nous serons jugés sur ce que nous avons accompli« .
Le ministre de la Justice a rappelé l’importance d’une éducation et d’une information de qualité: « Il n’y a pas de meilleure arme pour détruire les identités que la déformation des messages religieux et philosophiques. »
Jan De Volder, porte-parole de la Communauté catholique de Sant’Egidio, chargée de la coordination de la mobilisation, soutient que cette marche est un premier pas vers une action groupée des religions. « Il y a même eu à nos côtés des bouddhistes aujourd’hui. Chaque religion doit faire une autocritique. Il faut une purification. Du sang a été versé au nom des religions et aujourd’hui cela se fait toujours. Aujourd’hui, les religieux le disent ensemble avec force« , a-t-il déclaré.
RTBF.be Info