Le grand historien Jean Delumeau s’est éteint lundi 13 janvier dans la matinée, nous a annoncé sa famille. Cet universitaire, né le 18 juin 1923 à Nantes, était spécialiste des mentalités religieuses et, en particulier, du christianisme. L’historien avait consacré la majeure partie de son œuvre à l’étude des conceptions et des représentations de l’au-delà dans l’histoire de l’Occident. Il est ainsi l’auteur d’une impressionnante « Histoire du Paradis », en trois tomes (1992, 1995 et 2000).
« Révolté de l’infériorité »
Catholique et critique, il se disait « révolté de l’infériorité dans laquelle les femmes sont tenues au sein de l’Église ». Il était également contre le célibat des prêtres, jugeant que « ce n’est pas naturel ». « La perte de crédibilité de l’Église catholique est immense », assurait le professeur. « L’Église affronte une crise très difficile, et elle n’en a pas fini. Elle ne pourra se reconstruire qu’à travers des mesures chocs adaptées à notre époque. Et cela commence (…) par revoir de fond en comble la place des femmes », soulignait-il notamment.
Selon La Croix, l’historien catholique avait lui-même préparé un texte qui sera lu pour ses obsèques. « Ma vie a eu ses peines et ses joies, ses échecs et ses succès, ses ombres et ses lumières, ses fautes, ses erreurs et ses insuffisances, et aussi ses enthousiasmes, ses élans et ses espérances. J’ai terminé ma course. Que je m’endorme dans ta paix et dans ton pardon ! Sois mon refuge et ma lumière. Je m’abandonne à toi. Je vais entrer dans la terre. Mais que mon ultime pensée soit celle de la confiance », a écrit l’historien.
Le Point