« Rendez-nous la messe » : des catholiques réclament la réouverture des églises, des discussions à venir

Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est montré favorable à la réouverture des églises, appelant « au dialogue qui doit commencer demain entre les cultes et l’exécutif ».

Paris, Rennes ou Bordeaux… Des centaines de catholiques à travers la France ont réclamé au cours du week-end la possibilité de célébrer des messes, interdites pendant le confinement. Samedi 14 novembre, quelque deux cent cinquante personnes se sont rassemblées à Rennes. Dimanche matin, ils étaient trois cents devant la cathédrale de Bordeaux, certains entonnant des prières, qui ont valu aux organisateurs une convocation au commissariat. « Rendez-nous la messe », scandaient ceux qui s’étaient rassemblés devant l’église Saint-Sulpice, à Paris, vendredi soir. La préfecture a interdit le rassemblement qui était prévu dimanche sur la même place.

Les messes doivent-elles reprendre ? « A la condition que les conditions sanitaires soient respectées » dans les églises, a plaidé dimanche le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains, LR). « On est là sur une liberté fondamentale et le gouvernement doit y être attentif », a-t-il déclaré, invité du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI », appelant « au dialogue qui doit commencer demain entre les cultes et l’exécutif ».

Gérald Darmanin recevra les représentants des cultes

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, doit recevoir lundi les représentants des principaux cultes afin d’évoquer « les conditions dans lesquelles pourraient se tenir à nouveau des cérémonies dans les lieux de culte, en fonction de l’évolution de la situation sanitaire ».

Le Conseil d’Etat a maintenu il y a une semaine l’interdiction des cérémonies religieuses avec un large public, telles que la messe dominicale. Le président du Sénat « souhaite que cette position soit revue », car « nous arrivons en effet dans un temps important, notamment pour la communauté chrétienne », l’Avent.

Quant à la mise en garde de M. Darmanin, qui n’hésitera pas, en cas « d’acte répété » et « manifestement contraire aux lois de la République », à « envoyer les policiers et gendarmes verbaliser » les catholiques qui manifesteraient pour la réouverture des églises, le président du Sénat a jugé que ce n’était pas la bonne « réponse » à des fidèles « qui expriment leur attente ».

A l’inverse de M. Larcher, le député (LR) Eric Woerth a pour sa part dit « comprendre » l’interdiction des messes, celles-ci constituant des « rassemblements ». En revanche, « ce serait incompréhensible que les églises ne soient pas ouvertes à Noël », a-t-il mis en garde dans l’émission « Questions politiques ». « Il faut rappeler les règles et il faut laisser les familles fêter dignement et normalement Noël », a encore insisté le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale.

Interrogée sur BFM-TV, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a également plaidé pour la réouverture des lieux de culte, qui sont « en général assez vastes pour permettre le respect des distances ». « Il me paraît que l’exercice du culte est pour un grand nombre de nos compatriotes un soutien important dans un moment de vives tensions, de grandes angoisses », a-t-elle fait valoir.

A l’inverse, le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou, a, sur France 3, défendu leur fermeture. « Je comprends le désarroi des catholiques, car Noël approche (…) et en plus les catholiques ont été durement touchés par les attentats de la Toussaint », a-t-il souligné. « Mais je m’en tiens à un principe de responsabilité. C’est dur, mais on doit tenir ensemble », a appuyé M. Bayou.

Le Monde / AFP

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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