A Paris, l’Eglise cherche à encourager les jeunes à contribuer au denier

Le diocèse de Paris a lancé en janvier une campagne de communication pour récolter des fonds auprès des 18-30 ans.

Précédé par deux servants, le prêtre se dirige lentement vers le chœur de l’église. Soudain, dans l’assemblée, une jeune femme pouffe de rire, avant que le célébrant ne salue l’autel et se retourne. Moue des paroissiens. Sur l’aube du curé, l’étole violette laisse voir des autocollants publicitaires pour une compagnie d’assurances, une boulangerie ou une société de travaux publics. Et enfin, cette phrase : « Pour vivre, ma paroisse a besoin d’argent. Système D comme denier. »

En moins de 50 secondes, les promoteurs de l’un des deux films lancés début janvier par le diocèse de Paris entendent convaincre de récolter des fonds pour l’Église. Cette campagne, qui vise tout spécialement les étudiants et les jeunes professionnels catholiques parisiens, est le fruit de plusieurs mois d’études menées par le diocèse de Paris où le denier représente 23,5 millions d’euros par an. La somme, indispensable à la bonne marche des 116 paroisses de la ville, n’empêche d’ailleurs pas 35 d’entre elles d’être en déficit.

« Nous risquons de voir le nombre de paroisses déficitaires passer à 50 d’ici à deux ans »

Le diocèse doit donc trouver chaque année 10 000 nouveaux donateurs. Un rythme exigeant qu’il soutient difficilement depuis deux ans. « La hausse des loyers engendre le départ de nombreuses familles, explique Christophe Rousselot, responsable du développement des ressources du diocèse. Si la situation n’évolue pas, nous risquons de voir le nombre de paroisses déficitaires passer à 50 d’ici à deux ans. »

Paris s’est donc mise en quête de moyens pour encourager les 18-30 ans à contribuer au denier et mobiliser les 20 000 jeunes les plus impliqués dans les communautés chrétiennes. Encore fallait-il cerner leur perception du denier. « Nous devions savoir également quelle image ils avaient de l’Église », précise le responsable parisien. Cinq groupes sont alors constitués par l’institut chargé de l’enquête, l’Ifop. Parmi eux, l’un est formé par des cadres supérieurs, un autre par des nouveaux mariés, et un troisième par des étudiants majoritairement d’origine antillaise.

« Bonne surprise : nous avons découvert que 40 % d’entre eux donnaient déjà ! »

« Bonne surprise : nous avons découvert que 40 % d’entre eux donnaient déjà ! » détaille Christophe Rousselot. S’ils connaissent l’utilité du denier, ont une haute estime de l’Église et donnent plus volontiers lorsqu’ils peuvent orienter leur argent vers des projets précis, leurs revenus limités et l’idée qu’ils se font du diocèse de Paris – relativement riche – peuvent constituer un frein.

Un an après les premières études, un site Internet et deux films courts ont vu le jour. Depuis, une vingtaine de nouveaux donateurs ont franchi le pas, donnant des sommes variant entre 100… et 2 € par mois. Soit une « générosité espérée » de plus de 5 000 € par an. Une somme loin d’être négligeable, la durée moyenne d’un prélèvement automatique étant estimée à sept ans.

« C’est encourageant, mais l’approche purement virtuelle ne suffit pas. Dans l’idéal, chaque communauté doit pouvoir demander à un jeune de relayer ces messages auprès des groupes locaux », expose Christophe Rousselot. De Saint-Germain-des-Prés, au centre de Paris, à Saint-Pierre de Montrouge, plus au sud, cinq paroisses ont été choisies pour tester cette nouvelle approche. À deux pas de la gare de l’Est, à Saint-Laurent, le sujet a même été abordé au cours de deux réunions de prière destinées aux 18-30 ans.

 

Source : La Croix

 

 

 

F. Achouri

Sociologue.

Nos services s'adressent notamment aux organisations publiques et privées désireuses de mieux comprendre leur environnement.

Articles recommandés