Le pape a saisi l’occasion de son voyage en Terre sainte pour inviter les présidents israélien Shimon Peres et palestinien Mahmoud Abbas à venir prier pour la paix au Vatican.
Pour Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio, son invitation est « un appel à la responsabilité des croyants ».
« La situation est tellement bloquée au Proche-Orient, après plus de cinquante années de guerre et d’incompréhensions, que le pape met toute sa confiance dans la prière pour parvenir à la paix. Son invitation est un appel à la responsabilité des croyants – Shimon Peres et Mahmoud Abbas sont des croyants –, mais c’est aussi un appel à Dieu : le pape croit beaucoup à la force faible de la prière. Faible car elle n’a pas de grand moyen, mais forte car elle est un don de Dieu.
Changer du cadre diplomatique
Bien évidemment, il existe un espoir que cette prière ouvre la voie à un processus plus complexe, plus politique. Mais l’essentiel pour l’heure est de faire repartir le processus de paix, en changeant les vieilles catégories de la diplomatie. Le pape n’a pas parlé de médiation, considérant sans doute que c’était prématuré : après Oslo, après Camp David, où les chefs d’État israélien et palestinien s’étaient retrouvés en vain, il a évalué qu’il fallait plutôt changer de cadre, créer une situation nouvelle. D’ailleurs, tout le voyage du pape en Terre sainte peut se résumer en un mot, prononcé samedi à Amman : changement. Il faut changer notre mentalité, les catégories avec lesquelles nous envisageons la paix.
Il me semble très important, aussi, de donner des signes positifs à ces deux peuples qui souffrent beaucoup et n’ont pour horizon que la guerre, le terrorisme, les camps de réfugiés. Que leurs chefs d’État prient ensemble, à côté d’un pape qui vient de visiter leurs territoires, voilà un signe qui peut redonner espoir aux Israéliens et aux Palestiniens.
Une initiative enracinée dans l’esprit d’Assise
Cette initiative du pape François est inédite pour le conflit israélo-palestinien, mais elle n’est pas nouvelle : elle s’enracine dans la grande prophétie de Jean-Paul II en 1986 lorsqu’il convoqua les religions du monde à Assise pour prier pour la paix. Nous voyons bien l’importance du facteur religieux dans tous les conflits aujourd’hui, la Centrafrique par exemple, ou le Nigeria. Il n’est plus possible d’envisager de médiation politique sans impliquer les religieux. Tout notre travail, à Sant’Egidio, depuis plus de vingt-cinq ans, consiste à diffuser cet esprit d’Assise. D’expérience, nous avons été témoins que la prière des religieux pour la paix a ouvert à la résolution de certains conflits, au Mozambique par exemple. Dans les situations d’impasse, comme le disait Jean-Paul II, il faut laisser place aux surprises de l’Esprit Saint. »
La Croix