L’horreur

L’horreur. Il n’y a pas d’autre mot. Bruxelles et la Belgique sont frappés en plein cœur par un acte terroriste, faisant trois morts, et un blessé qui lutte toujours pour sa survie. L’horreur est absolue car c’est le Musée Juif qui a été frappé, ce qui donne au nouvel antisémitisme à l’oeuvre dans les sociétés occidentales, une dimension tragique et abjecte. À ce stade, il faut rester prudent car le Parquet et l’absence de revendication ne permettent pas d’attribuer de motivation officielle à cet acte. Mais le lieu visé par ces tirs qui voulaient abattre les individus qui s’y trouvaient, met tragiquement en évidence la haine des Juifs qui est revenue gangrener nos démocraties, par une banalisation des discours ou, dans une montée dans l’horreur, par des attentats comme celui commis contre des écoliers juifs à Toulouse et signé Mohamed Merah.

La stupeur et l’incrédulité sont d’autant plus grandes que notre pays n’est pas une terre de violences. La Belgique n’a en effet plus connu de tels actes depuis les années 80, avec les attentats signés du groupement terroriste des CCC ou les tueries du Brabant Wallon. En 89, l’assassinat du Dr Wybran, leader emblématique de la Communauté juive en Belgique, abattu sur le parking de l’hôpital Erasme à Bruxelles, avait plongé les Belges et la Communauté juive dans la tragédie, provoquant alors un sentiment d’insécurité sur notre sol.

Les questions à ce stade sont nombreuses, sur l’identité du ou des auteurs, et leurs motivations. Mais dans ce contexte de retour en force de l’antisémitisme et de la haine de l’autre, et à quelques heures d’un scrutin électoral crucial dans notre pays et le continent européen, le potentiel déstabilisateur d’un tel acte pour la démocratie ne peut être ignoré. Les messages venus des différents coins du monde vers Bruxelles en témoignent. Il est donc crucial de conserver son calme et d’éviter toute exploitation politique ou autre, de ces faits tragiques. La priorité est à l’enquête, à une attention extrême portée à la sécurité et aux inquiétudes de la Communauté juive de Belgique et au partage de la douleur des familles des victimes.

Il est crucial que chacun aille voter avec la volonté commune de défendre les valeurs qui fondent notre société et notre démocratie, sans se laisser intimider par des actes dont on ne peut dire aujourd’hui le but qu’ils poursuivent, mais qui agissent comme une bombe dans notre collectif citoyen.

 

Le Soir

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

Nos services s'adressent aux organisations publiques ( Loi de 1905) et aux organisations privées.

Articles recommandés