Inaugurée le 15 octobre, la première mosquée de Papeete – une simple salle de prière dans un immeuble du centre-ville –, sur l’île de Tahiti, a dû rester fermée vendredi, jour de prière pour les musulmans, du fait d’une vague de contestations de la population locale. Hicham El Barkani, imam de 23 ans venu de Seine-Saint-Denis pour créer ce lieu de culte, a dû garder les portes closes.
La mairie de Papeete a en effet interdit d’utiliser ce local qui « n’est pas prévu pour recevoir du public » et qui doit être mis aux normes. Mais l’ouverture de la mosquée s’est surtout heurtée à une vive hostilité des Tahitiens. La Polynésie française compte quelques centaines de musulmans – originaires de métropole, du Sénégal, de Djibouti ou du Maghreb – qui, pour la plupart, sont enseignants ou militaires et ne restent là que quelques années.
Sur les réseaux sociaux, des pétitions et des appels à manifester ont été lancés. La diffusion à la télévision d’images de femmes voilées se rendant à la mosquée, dont deux Polynésiennes, a alimenté les craintes. Selon son avocat, le jeune imam Hicham El Barkani aurait même « reçu des menaces de mort ».
Du côté catholique, on se montre plus circonspect
Gaston Flosse, président de la Polynésie française, a voulu calmer le jeu en soulignant dans un communiqué du 16 octobre que « l’islam est une grande religion monothéiste ». « Bien que traditionnellement chrétienne, la Polynésie est aussi une terre accueillante », a-t-il encore rappelé, en mettant en garde de « ne pas tomber dans l’islamophobie ».
« Il faut faire la distinction entre les différentes formes d’intégrisme et rappeler ce qu’est vraiment l’islam : une grande religion avec de grandes valeurs », a déclaré le pasteur Taaroanui Maraea, à la tête de l’Église protestante de Tahiti.
Du côté catholique, on se montre plus circonspect. « Ce n’est pas la salle de prières qui est inquiétante, ce sont ceux qui sont venus l’installer », a commenté Mgr Pascal Chang Soï, évêque-coadjuteur du diocèse de Taiohae (Tefenuaenata-Iles Marquises) et administrateur apostolique de Papeete depuis mars dernier. Et d’ajouter que l’on peut craindre, chez le jeune imam, « une attitude un peu conquérante ».
Source : La Croix