Un abécédaire sur les richesses et les peurs de l’interculturalité

À Créteil, un abécédaire sur les richesses et les peurs de l’interculturalité

Pendant deux ans, le conseil pastoral diocésain de Créteil (Val-de-Marne) s’est penché sur la manière dont cohabitent ou collaborent au sein de l’Église des personnes aux origines très diverses.

Le sujet est apparu avec « une certaine évidence », reconnaît le P. Gérard Béra, vicaire général du diocèse de Créteil, dans un département – le Val-de-Marne – où vivent 1,3 million d’habitants de 86 nationalités environ, et dont un quart de la population se renouvelle chaque année. Preuve que l’interculturalité y est un défi, différentes initiatives ont émergé ces derniers mois pour favoriser les échanges: formations spécifiques à la célébration multiculturelle, rencontres entre prêtres français et « venus d’ailleurs »… Mais ici ou là, des difficultés apparaissent – au sein de l’aumônerie par exemple, fréquentée par des jeunes d’origine antillaise et africaine et « totalement désertée par les Franco-Français » – face auxquelles les animateurs apparaissent « désemparés »…

De « A comme accueil » à « U comme universalité »

L’évêque, Mgr Michel Santier, a donc demandé à son conseil pastoral diocésain de s’emparer du sujet. Pendant deux ans, les deux prêtres, deux diacres, la religieuse et les six laïcs qui le composent ont collecté les témoignages et visité les paroisses. « Il en ressort un foisonnement de questions, de difficultés et d’initiatives », résume Christine Fayol, justifiant le choix de les présenter sous la forme d’abécédaire de « A comme accueil » à « U comme universalité », en passant par « P comme peurs »… Le tableau, reconnaissent ses auteurs, n’est pas « idyllique »: difficulté de certains à prier dans une langue qui n’est pas la leur, « tristesse de la messe » ressentie par d’autres, tensions nées de l’accueil de prêtres étrangers, ou encore « peur de l’érosion de la présence des Français »…

« Les paroisses ne peuvent être de simples juxtapositions de communautés »

Alors que la pastorale des migrants portait le souci de laisser leur place à chacune des communautés (africaine, antillaise, tamoule, portugaise, etc.), l’accent est de plus en plus mis sur les liens à favoriser et la place à donner aux « Franco-Français » dans les célébrations et la pastorale. « Il est normal que chacun puisse vivre son identité, mais la véritable identité ne se construit que dans la rencontre avec l’autre, ne cesse de rappeler Mgr Santier lors de ses visites pastorales. Les paroisses ne peuvent être de simples juxtapositions de communautés. »

Le document ne sera pas suivi d’orientations diocésaines, a précisé l’évêque, plutôt désireux de susciter l’initiative. « Lors du Carême 2012, j’ai diffusé une lettre pastorale sur l’articulation entre annonce de la Parole, célébration et services de la charité, comportant des orientations précises. Je ne suis pas sûr qu’elle ait été encore complètement accueillie partout », a-t-il ajouté, non sans humour.

 

Source : La Croix

 

F. Achouri

Sociologue.

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