Afficher sa religion, un frein majeur à la carrière, selon les managers

Les personnes affichant leur appartenance religieuse auront, bien plus que les autres, des difficultés à intégrer une entreprise et à y mener leur carrière. C’est en tout cas l’avis des managers interrogés en avril 2013 par l’institut LH2 pour l’Association française des managers de la diversité (AFMD), en association avec le comité diversité du Medef.

Afin de réaliser le baromètre de perception de l’égalité des chances en entreprise qui vient d’être publié à la mi-octobre, les sondeurs de LH2 ont proposé à des cadres et cadres dirigeants de PME de livrer leur ressenti sur le climat régnant dans leur société. Une tendance s’est nettement dessinée : sur la question dite de la « facilité de carrière », les handicaps jugés les plus lourds sont un état de santé altéré durablement et l’affichage de son appartenance religieuse. Pour ce dernier critère, les probabilités de discrimination apparaissent d’ailleurs systématiquement bien plus fortes que celles touchant les autres catégories de salariés identifiées (femmes, personnes de couleur, homosexuels…).

« Le » frein majeur à la carrière

Plusieurs questions ont été posées aux managers et dirigeants de PME. Une personne affichant son appartenance religieuse peut-elle être recrutée dans votre entreprise ? Réponse positive pour 65% des sondés. Le taux atteint, dans le même temps, 98% pour une mère d’enfants en bas âge, 92% pour une personne de plus de 50 ans. Peut-elle occuper un poste en relation directe avec la clientèle ? 52 % répondent par l’affirmative, là où le taux est de 93 % pour une personne habitant dans un quartier sensible et 85 % pour une personne avec un fort accent. Peut-elle occuper un poste à haute responsabilité ? « Oui » pour 59 % des managers interrogés. Là encore, l’écart se creuse avec d’autres profils : le taux s’élève à 94% pour une mère d’enfants en bas âge ou encore à 79% pour une personne souffrant d’un handicap visible ou d’un état de santé altéré durablement. La conclusion de l’étude est donc claire : les signes religieux visibles sont perçus par les managers de PME comme « le » frein majeur à la carrière, loin devant les autres critères de diversité fréquemment évoqués.

Passé ce constat, on note que ces mêmes managers estiment majoritairement que leur entreprise a pris en main les questions de diversité et d’égalité des chances. Pour 77% d’entre eux, elles constituent un « élément prioritaire ou important » au sein de leur organisation – un taux qui atteint les 86% dans le secteur du commerce. 93 % des managers (hors dirigeants) jugent d’ailleurs que la problématique de la gestion de la diversité est respectée pour leurs collaborateurs. Dans les PME où le sujet est jugé important, ils sont 60% à estimer que les actions mises en place sont majoritairement efficaces. Seuls 4% les trouvent inefficaces, le tiers restant indiquant qu’il est trop tôt pour se prononcer. A noter, sur cette question, une forte différence d’appréciation de la part des salariés qui sont, eux, 27% à les trouver pas ou peu efficaces. Une divergence de vue qu’on retrouve dans le calcul du « climat d’égalité des chances » qui atteint 6,9/10 pour les managers et dirigeants contre seulement 3,6/10 pour les salariés.

Mais si les cadres se montrent plus confiants, ils n’excluent pas pour autant la question des discriminations du champ de leurs préoccupations personnelles. 18 % des managers interrogés estiment pouvoir faire l’objet d’inégalités de traitement au sein de leur entreprise actuelle. Surtout, seuls 40% d’entre eux se disent certains qu’ils ne seront pas discriminés, ce qui, comme le souligne l’enquête, « paraît peu au regard du vaste sentiment de confiance exprimé par les managers dans le management de la diversité au sein de leur entreprise ».

 

 

Source : Fait Religieux.com

 

 

Fatima Achouri

Sociologue spécialiste de l’islam contemporain.

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