Allemagne: La propagande wahhabite en point de mire

L’Arabie Saoudite est sur la sellette : le vice-chancelier et chef du Parti social-démocrate (SPD), Sigmar Gabriel, ne veut plus tolérer la propagande wahhabite dans les mosquées allemandes. « Nous ne pouvons plus fermer les yeux. L’Arabie Saoudite finance des mosquées wahhabites dans le monde entier. Ces communautés engendrent en Allemagne beaucoup de terroristes en puissance », assène-t-il dans « Bild ». Pour lui, le « fondamentalisme radical des mosquées salafistes n’est pas moins dangereux que l’extrémisme de droite ». Thomas Oppermann, chef du groupe SPD au Bundestag, suggère dans « Die Welt » que « le Service de protection de la constitution ( NdlR: services secrets ) observe ces agissements ».

Le vice-chancelier a admis que la communauté internationale a besoin de l’Arabie Saoudite pour résoudre les conflits du Moyen-Orient, raison pour laquelle « nous ne voulons pas clouer le pays au pilori ». Le leader vert au Bundestag, Anton Hofreiter, relève lui-aussi que l’Arabie Saoudite « encourage l’idéologie islamiste au plan mondial ». Si Riyad ne change pas de comportement, avance-t-il, « les Occidentaux doivent réfléchir sérieusement à des sanctions économiques ». L’ambassade saoudienne à Berlin assure que Riyad veut « comme l’Allemagne prévenir la radicalisation des jeunes ».

Déstabiliser le monde arabe

La semaine dernière, le service d’espionnage BND avait, dans un rapport remis à la presse à l’insu du gouvernement Merkel, attaqué l’Arabie Saoudite en l’accusant de « déstabiliser » le monde arabe, « le rôle prudent des anciens dirigeants de la dynastie royale faisant place à un interventionnisme impulsif ».

Le BND vise ouvertement le nouveau ministre de la défense, Mohamed Ben Salmane, fils du Roi. En concentrant en ses mains de nombreux pouvoirs, il risque de s’attirer le courroux d’autres membres de la famille royale et de la population et pourrait s’aliéner les pays amis et les alliés de la région. Le rapport du BND gêne considérablement le gouvernement de Berlin, qui voit dans l’Arabie Saoudite un important allié et lui livre régulièrement des armements, chose très mal vue de l’opinion, encline au pacifisme. Selon Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière, « l’interprétation du BND ne reflète en aucun cas le point de vue commun de la chancellerie et du ministère des Affaires étrangères ».

 

La Libre.be

F. Achouri

Sociologue.

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