Au Lavandou, le maire renonce à interdire les messes en plein air l’été

Devant la polémique suscitée par sa décision d’interdire la célébration de messes sur une place publique, le maire trouve un accord avec le curé de la paroisse.

 

Messe en plein air au Lavandou ( (Var) pour la fête votive de Saint Pierre     Depuis 1996, la messe dominicale du Lavandou (Var) était célébrée en plein air, place Reyer, avec l’accord de la municipalité.

Le maire (UMP) de la commune, Gil Bernardi, avait écrit le 26 mai au curé de la paroisse, le P. Joseph Nguyên, l’informant, à l’approche de la saison estivale, de l’impossibilité cette année que cette messe ait lieu en plein air. Une polémique se développant sur les réseaux sociaux, le maire est revenu sur sa décision.

« Motif de sécurité »

Dans sa lettre du 26 mai, Gil Bernardi justifiait sa décision : « Les tensions confessionnelles et les événements du 7 janvier 2015 (l’attentat terroriste contre Charlie Hebdo NDLR) nous conduisent à ne pas attiser les critiques des adeptes de la laïcité, comme à ne pas exposer les paroissiens au geste d’un déséquilibré ou d’un fanatique. Ce motif de sécurité de vos paroissiens me paraît essentiel pour que le culte puisse se dérouler en toute sérénité. » 

Toutefois, le maire assurait que l’office pourrait être célébré en plein air « pour les messes de Saint-Pierre et du 15 août », la sécurité y étant alors assurée par la police municipale.

Le curé de la paroisse – qui n’a pas répondu aux sollicitations de La Croix – a alors fait distribuer à la sortie des messes dominicales la lettre du maire. Celle-ci a suscité des réactions sur les réseaux sociaux, entraînant un premier communiqué de presse explicatif du maire mercredi 24 juin, justifiant sa décision, puis un second, jeudi 25 juin, l’annulant.

Selon Francine Brochot, directrice de la communication de la ville et catholique pratiquante, la célébration de cette messe Place Reyer, chaque dimanche de la saison estivale, suscitait « des réclamations » de riverains ou de consommateurs assis aux terrasses des cafés bordant la place, qui se sentaient « obligés d’entendre la messe » et « devenait un peu folklorique ».

C’est bien le maire cependant qui avait organisé depuis 1996 le culte dominical de l’été au Lavandou, Place Reyer, comme il le rappelait dans son communiqué du 24 juin, « afin de donner plus de confort à notre curé et à ses fidèles, durant les périodes de forte chaleur ». « Cet office en plein air n’a jamais posé le moindre problème, donnant toute satisfaction aux fidèles, dont je suis » écrivait encore Gil Bernardi.

Francine Brochot précise que la décision de ne plus autoriser les célébrations place Reyer a été prise après que la préfecture a rappelé au maire qu’il était responsable de la sécurité et que la célébration du culte sur l’espace public faisait difficulté, alors même que le plan Vigipirate est activé après les attentats du mois de janvier.

Le curé de la paroisse, précise-t-elle, « ne s’est pas rendu aux deux rendez-vous que le maire lui a donnés » pour lui exposer les raisons de sa décision.

Devant la polémique qui s’est développée dans l’opposition municipale et sur les réseaux sociaux, le maire a choisi de revenir sur sa décision : les messes seront célébrées les dimanches d’été place Reyer et « la mairie en assurera la sécurité » confirme la responsable de la communication

 

Préoccupation des maires de France

La décision du maire du Lavandou et la volte-face qui s’ensuit interviennent dans un contexte de préoccupation des maires quant à la laïcité. Mercredi 24 juin, l’association des Maires de France (AMF) a présenté des propositions, sur la base d’une réflexion menée par un groupe de travail.

« Une commune ne saurait subventionner une manifestation dont le caractère cultuel est affirmé, même si elle est traditionnelle et accompagnée d’actions culturelles ou festives », écrivent les maires de France.

D’autres mesures concernent « la neutralité des élus », les lieux de culte ou de sépulture, sujets sur lesquels l’AMF souhaite des clarifications au ministère de l’Intérieur.

Tout en rappelant que le principe de laïcité « n’est tourné contre aucune religion en particulier », l’AMF entend poursuivre ses réflexions pour « clarifier le cadre du droit » et « répondre à l’attente des maires souvent un peu isolés face aux difficultés rencontrées ».

 

La Croix

F. Achouri

Sociologue.

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