Au Maroc, le pape défend la « liberté de conscience »

Le pape François était en voyage officiel au Maroc jusqu’à dimanche pour une courte visite centrée sur le dialogue avec l’islam et la problématique des migrations, deux priorités de son pontificat. François a été accueilli samedi matin à sa descente de l’avion par Mohammed VI, roi du Maroc et « Commandeur des croyants ».

La religion catholique demeure une religion ultra-minoritaire dans le royaume (1% de la population). Après un tête-à-tête avec le roi, le pape s’est rendu à l’Institut de formation des imams qui accueille des Marocains et des étrangers d’une dizaine de pays, dont la France. Ils sont 1 300 étudiants, hommes et femmes, à suivre des cursus dans cet établissement, fer de lance de « l’islam modéré » prôné par le roi. Le pape François a d’abord défendu « la liberté de conscience » et « la liberté religieuse », permettant à chacun de vivre selon sa propre conviction religieuse, dans un discours prononcé sur une immense esplanade de Rabat, devant des milliers de Marocains et le roi Mohammed VI.

« La liberté de conscience et la liberté religieuse – qui ne se limitent pas à la seule liberté de culte mais qui doivent permettre à chacun de vivre selon sa propre conviction religieuse – sont inséparablement liées à la dignité humaine », a souligné le souverain pontife, en appelant les croyants à « vivre en frères ». En février dernier, lors d’une visite historique aux Émirats arabes unis, le pape et le grand imam de l’institution de l’islam sunnite Al-Azhar au Caire, cheikh Ahmed al-Tayeb, ont co-signé un « document sur la fraternité humaine », appelant notamment à la liberté de croyance et d’expression et à la pleine citoyenneté pour les « minorités » discriminées. Au Maroc, où l’islam est la religion d’État, les autorités aiment souligner la « tolérance religieuse » qui permet aux chrétiens étrangers et aux juifs d’exercer librement leur religion.

Reste que pour les Marocains considérés automatiquement comme musulmans quand ils n’appartiennent pas à la communauté juive, l’apostasie est désapprouvée par la société et le prosélytisme en faveur d’une autre religion condamné par la loi. Si le renoncement à l’islam n’est pas explicitement mentionné dans le code pénal, ceux qui sont soupçonnés d' »ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion » peuvent être poursuivis. Longtemps dans l’ombre, la petite minorité des convertis plaide ouvertement depuis 2017 pour vivre sa foi « sans persécution » et « sans discrimination ». Le pape doit aussi rencontrer des migrants dans un local de l’ONG catholique Caritas, qui gère des centres d’accueil destinés à soulager la misère de ceux qui tentent de rallier le continent européen. Dimanche, le pape a consacré sa journée à la petite communauté catholique du pays, en clôturant sa visite par la plus grande messe catholique jamais célébrée au Maroc, avec quelque 10 000 personnes attendues dans un complexe sportif. A noter que l’arrivée du cortège papal a été marquée par un incident : un homme s’est subitement rué vers la voiture du roi du Maroc. Il a été immédiatement interpellé.

 

AFP

F. Achouri

Sociologue.

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