Le ministre de l’intérieur se rend mardi 8 septembre au matin au siège de la Conférence des évêques de France
Bernard Cazeneuve rencontre le conseil permanent de la CEF et les archevêques. Une visite inédite au cours de laquelle devrait être abordé l’accueil des migrants.
Pourquoi cette visite du ministre de l’intérieur ?
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, se rend mardi 8 septembre au siège de la Conférence des évêques de France, avenue de Breteuil à Paris. Une visite inédite pour l’actuel locataire de la place Beauvau et une première dans l’histoire récente. Seul Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’écologie, était venu rencontrer les évêques en février 2009, les incitant à « mieux se faire entendre ».
L’initiative en revient à Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la CEF, et au cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris : « Lors de leur première rencontre après la prise de fonction de Bernard Cazeneuve, en avril 2014, ils nous ont dit qu’aucun ministre n’était venu depuis longtemps rencontrer le conseil permanent. Ils se sont interrogés sur une éventuelle réticence des politiques à ce sujet », rapporte la Place Beauvau. Toujours « désireux de contacts », Bernard Cazeneuve a « aussitôt accepté ». Mais la visite, programmée d’abord début janvier, a dû être reportée en raison des attentats.
Visite informelle devant une cinquantaine de responsables de la CEF – cardinaux, archevêques et présidents de commissions et conseils –, elle devrait débuter par une « introduction » du ministre puis se prolonger par « un échange à bâtons rompus » pendant une heure sur « tous les sujets intéressant le ministère de l’intérieur et l’Église de France ». « La laïcité, les actes antireligieux et, pourquoi pas, la radicalisation », pourraient en faire partie, mais aussi les migrants après l’appel du pape demandant aux paroisses d’ouvrir leurs portes et alors que le gouvernement s’apprête à accueillir plusieurs milliers de familles réfugiées.
Quel programme pour l’instance de dialogue Église-Matignon ?
Hasard du calendrier, l’instance de dialogue qui réunit chaque année à Matignon les responsables de l’Église de France et les ministres concernés doit se réunir le lendemain mercredi 9. Comme d’habitude, les participants échangeront sur des points techniques, en particulier les problèmes rencontrés par les aumôneries à l’hôpital et en prison, ou la sécurité des églises. « Il s’agira surtout de prendre les mesures nécessaires face à la menace d’attentats, mais aussi contre le vandalisme. D’une manière générale, les chiffres des atteintes aux lieux de culte sont mauvais depuis quelques mois », déplore la Place Beauvau.
« La question des migrants et des chrétiens d’Orient préoccupe plus les évêques que la sécurité dans les églises », précise de son côté Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général et porte-parole de la CEF.
La « laïcité, le vivre-ensemble et la place des religions » ont également été inscrits à l’ordre du jour à la demande des évêques, un thème sur lequel Mgr Georges Pontier avait déjà vigoureusement alerté les pouvoirs publics lors de son audition par l’Observatoire de la laïcité, en mars dernier. Enfin, l’implication de l’Église catholique en matière d’écologie pourrait être abordée, à la veille de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris (COP21).
Un « mois chargé »
À quelques jours de Roch Hachana, le Nouvel An juif, Bernard Cazeneuve accompagne mardi 8 septembre au soir le premier ministre Manuel Valls à la synagogue Nazareth à Paris pour présenter ses vœux à la communauté juive. Il se rendra également à un office de Kippour le 23 septembre, puis le 24 septembre dans une mosquée pour la grande fête de l’Aïd-el-Adha. Une rentrée « chargée en rencontres avec les cultes », souligne son entourage, qui y voit l’occasion de « continuer à porter un message d’apaisement et sur les valeurs ». Une réunion intergouvernementale sur les migrants l’a en revanche empêché de se rendre dimanche dernier au rassemblement protestant de l’Assemblée du désert.
La Croix